Pharmacie : la vente en accès libre a augmenté les prix des médicaments

Publié le 18 avril 2019 à 7h40 - par

Dix ans après l’autorisation de vente en accès libre des médicaments sans ordonnance (OTC), « les prix se sont envolés » selon l’association de consommateurs Familles rurales qui a publié mardi 16 avril 2019 les résultats de son étude annuelle sur les prix des médicaments.

Pharmacie : la vente en accès libre a augmenté les prix des médicaments

« Force est de constater que le gouvernement n’a pas réussi le pari d’offrir des prix publics concurrentiels et d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens » avec cette mesure, selon l’association.

Depuis la création de son « observatoire des médicaments » en 2010, Familles rurales dit avoir constaté une hausse de 9 % du prix moyen de son « panier » de médicaments les plus fréquemment utilisés dans la santé familiale.

Le prix de l’anti-inflammatoire Nurofen par exemple a bondi de 25 % depuis 2010, celui des pastilles pour la gorge Strepsils de 19 % et celui du médicament contre les aigreurs d’estomac Maalox de 12 %, selon l’association.

Familles rurales a aussi pointé des écarts de prix très importants de ces médicaments, qui peuvent varier du simple au triple selon les pharmacies. En moyenne, l’écart constaté tourne autour de 190 %.

Sur un panel de pharmacies bien plus large que celui analysé par Familles rurales (14 000 officines contre 84 pour l’association), la hausse des prix de vente des médicaments OTC a été de 6 % et non de 9 % depuis 2010, a nuancé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), interrogé par l’AFP.

Or, l’inflation cumulée en France de 2010 à 2018 a quant à elle atteint « 10,5 % », les prix catalogue des fabricants de médicaments OTC ont augmenté « beaucoup plus » que l’inflation et la TVA sur ces produits est aussi passée de 5,5 % à 10 %, a-t-il ajouté.

« Les pharmaciens ont donc pris sur leur marge les augmentations des prix catalogue, les hausses de TVA et une partie de l’inflation », a-t-il conclu.

Familles rurales a aussi regretté le délitement de l’information accessible, affirmant que « 75 % des boîtes sont dépourvues d’étiquette » indiquant leur prix, et que la moitié sont rangées sur des présentoirs situés derrière le comptoir des pharmacies.

M. Besset a promis qu’à partir de cet été, l’annuaire en ligne d’officines Lepharmacien.fr indiquerait aussi les écarts de prix des produits OTC et de parapharmacie dans 14 000 officines, afin d’améliorer l’information des patients.

Début avril, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est dite opposée à une récente proposition de l’Autorité de la concurrence d’autoriser la grande distribution à vendre des médicaments OTC, estimant qu’une telle réforme fragiliserait le réseau des pharmacies en milieu rural.

Le gouvernement prévoit en revanche d’assouplir les modalités de vente sur internet de ces produits par les pharmacies, tout en veillant à la « sécurité » de ces achats, avait ajouté Mme Buzyn.

La vente en ligne de médicaments sans ordonnance est très marginale en France, bien qu’autorisée depuis fin 2012.

Mais cela renforce la « jungle tarifaire qui règne sur ce secteur », et nombre de ces sites ne respecteraient pas leurs obligations d’information et de conseil des patients, a encore dénoncé Familles rurales.

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