Mediator, le prix à payer !

Publié le 7 février 2011 à 0h00 - par

Une fois encore, un drame sanitaire aurait-il pu être évité ? Avec l’affaire du mediator, le bilan est lourd. Selon les études épidémiologiques, le nombre de décès attribué à ce médicament détourné comme coupe-faim est estimé entre 500 et 2 000 morts.

Malgré les premières incohérences signalées dès 1974, ce traitement adjuvant aux diabétiques en surpoids, n’a été retiré du marché qu’en novembre 2009 en raison d’un risque de valvulopathie et d’une faible efficacité.

Pour le laboratoire Servier, à quoi bon ?  Des intérêts économiques à l’infiltration des sociétés savantes par les labos, du financement de l’Afssaps aux pressions sur le médecin dénonçant le scandale, la vérité finit tôt ou tard par être révélée. Les plaintes affluent et la facture risque de s’envoler :

–   175 plaintes, à ce jour,  de victimes potentielles de ce médicament ;
–   la Caisse nationale d’assurance  maladie veut poursuivre le laboratoire pour « escroquerie et tromperie aggravée » et lui réclame 220 millions d’euros ;
–   la totalité des dépenses couvertes par l’assurance maladie et l’indemnisation des victimes pourrait coûter jusqu’à 1,6 milliards d’euros à Servier ;
–   Servier doit quitter la présidence du « G5 » des laboratoires.

Quant aux pouvoirs publics et à l’Afssaps en particulier, une demande est faite par le président de la République pour « assainir la filière du médicament » et réformer le système de pharmacovigilance. Cette mission est confiée au Professeur Bernard Debré.

De leur côté, les mutuelles demandent « une refonte urgente du circuit du médicament, sans faire l’impasse sur l’influence directe ou indirecte des laboratoires ». La Mutualité française va « présenter des propositions en matière d’autorisation de mise sur le marché, de pharmacovigilance, d’évaluation du médicament, et sur la place des différents acteurs ».

Sans le combat et le courage du Docteur Irène Frachon, la pneumologue de Brest qui a dénoncé les risques de ce médicament, combien de temps, et surtout, combien de morts se seraient encore ajoutés à cette sinistre liste des victimes des « effets indésirables » du médiator ?

Plus jamais ça ! le circuit du médicament sera remis à plat, la pharmacovigilance sera réformée. Tout ira bien désormais. Pour combien de temps ? Cela ne vous fait-il pas penser à d’autres affaires à l’issue desquelles ceci ne devait plus jamais arriver  ?


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