Déserts médicaux : Marisol Touraine présente son «Pacte territoire santé»

Publié le 27 décembre 2012 à 0h00 - par

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté le 13 décembre son « Pacte territoire santé ». Objectifs : faciliter l’installation des jeunes médecins, améliorer les conditions d’exercice et investir dans les zones en voie de démédicalisation.

La situation critique des territoires isolés

Depuis quelques mois, ces termes reviennent sans cesse dans le débat public : « désert médical ». Que signifient-ils exactement ? Les citoyens sont inquiets, « ils voient leurs médecins de famille vieillir sans trouver de successeurs », a expliqué Marisol Touraine ce jeudi 13 décembre lors de son discours à Scorbé-Clairvaux, dans la Vienne. Avant d’ajouter qu’ils n’étaient pas plus rassurés « lorsqu’ils changent de territoires » ou lorsqu’ils réalisent le « temps qu’il faut parfois pour prendre rendez-vous avec un spécialiste ». Certes, les grandes villes sont épargnées. Mais en zones rurales, il s’agit d’un vrai problème.

Bien que les élus se battent au quotidien pour préserver cette offre de soins, il faut aller plus loin encore. « Si nous n’intervenons pas maintenant, il sera bientôt trop tard pour agir », a martelé la ministre, pour qui « la coercition n’est pas une solution », pas plus que l’augmentation du numerus clausus. Alors que faut-il faire ? Selon elle, la difficulté ne résiderait pas dans le nombre de médecins, mais dans leur répartition sur le territoire français.

Les trois piliers du « Pacte territoire santé »

Pour rééquilibrer cette situation, la ministre a pris 12 engagements regroupés dans un « Pacte territoire santé ». S’en dégagent trois piliers :

1/ « Changer la formation et faciliter l’installation des jeunes médecins » :

  • Afin de se familiariser avec l’exercice en cabinet, tous les étudiants – soit 8 000 étudiants – de deuxième cycle devront suivre un stage de médecine générale.
  • 1 500 contrats d’engagement de service public (CESP) devront être signés d’ici à 2017. Pour rappel, cette bourse versée aux étudiants en contrepartie de leur installation en zone démédicalisée ne rencontre pas le succès escompté.
  • 200 contrats de praticiens territoriaux de médecine générale seront signés en 2013. Ce contrat procure une garantie financière de revenus aux jeunes médecins durant deux ans en échange de leur arrivée dans un territoire en voie de démédicalisation.
  • Création d’un « référent-installation » unique dans chaque région afin de renseigner les étudiants et les internes sur les mesures d’aide à l’installation, entre autres.

2/ « Transformer les conditions d’exercice des professionnels de santé » :

  • Les professionnels de santé (infirmières, kinésithérapeutes, médecins, etc.) pourront plus facilement se regrouper en équipes pluriprofessionnelles et mutualiser, de ce fait, des tâches administratives. Ces équipes pourront exercer au sein de maisons de santé ou de pôles de santé. Une rémunération sera versée aux équipes de soins en contrepartie de services tangibles réalisés sur la base d’engagements formalisés à travers la signature entre les équipes d’une part et les CPAM et les ARS d’autre part.
  • Afin d’augmenter le vivier de terrains de stages pour les étudiants et les internes, une concertation est en cours afin de rapprocher les maisons de santé des universités.
  • La télémédecine attachée aux médecins spécialistes va être mise en place tout d’abord via une expérimentation sur la filière dermatologie. Cela facilitera les coopérations à distance et octroiera un gain de temps aux médecins spécialistes.
  • Afin de réduire les délais d’accès des patients à des consultations de médecins spécialistes, il faut accélérer les transferts de compétences en finalisant les protocoles de coopération entre les professionnels de la filière ophtalmologie.

3/ « Investir dans les territoires isolés » :

  • Garantir « l’accès aux soins urgents en moins de 30 minutes d’ici 2015 » : cela passera par plusieurs mesures sur la base des 3 axes de travail identifiés en 2012, à savoir : la mise en place de nouveaux services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) ou antennes de SMUR, l’extension du statut de « médecins correspondants du SAMU » pour inciter des médecins généralistes à rejoindre le dispositif et la coopération entre services d’urgence pour conserver le maillage du territoire et la qualité des prises en charge.
  • Certains médecins salariés (de centres de santé, d’hôpitaux, etc.) souhaitent exercer une partie de leur temps en zone démédicalisée. Pour ce faire, les ARS signeront des conventions avec les employeurs pour prévoir la mise à disposition des médecins salariés qui exerceront en ambulatoires dans ces territoires délaissés.
  • Pour assurer la pérennité des hôpitaux de proximité, leur modèle de financement devra être adapté. Par ailleurs, les centres hospitaliers de niveau régional devront être incités à soutenir l’action des hôpitaux de proximité.
  • Des centres de santé seront déployés dans certains territoires, notamment les zones urbaines sensibles (ZUS).

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