Réduire les particules fines dans l’air : oui, mais de combien ?

Publié le 26 juin 2019 à 10h27 - par

Il faudrait faire baisser le niveau moyen de particules fines dans l’atmosphère « d’au-moins 3 microgrammes par m3 » pour entraîner une « baisse significative » de la mortalité, calcule une étude destinée à aider les responsables politiques à fixer des objectifs sur ce sujet.

Réduire les particules fines dans l'air : oui, mais de combien ?

La nocivité des particules fines pour la santé est avérée, en particulier en milieu urbain (mortalité et maladies cardiovasculaires et respiratoires, troubles de la grossesse et de la croissance du fœtus…).

De nombreuses mesures sont prises pour en réduire la concentration – limites d’émission pour les voitures, interdictions de circulation lors des pics de pollution, etc. -, mais souvent « sans se fixer de bénéfice sanitaire à atteindre », soulignent des chercheurs français de plusieurs organismes, dont l’Inserm et le CNRS, dans un communiqué.

Cette équipe d’épidémiologistes, de biologistes, d’économistes et de spécialistes de la qualité de l’air a estimé « l’exposition annuelle moyenne » des habitants de Lyon et de Grenoble aux particules fines « PM2,5 » (de taille inférieure à 0,0025 millimètre), « à l’aide des outils de l’observatoire de la qualité de l’air et de données sur la localisation de l’habitat ».

Ils ont ensuite « estimé les variations du nombre de décès et de cas de cancers du poumon, de l’espérance de vie, et les coûts économiques associés, pour dix scénarios différents de réduction des PM 2,5 », détaille leur article, à paraître dans le numéro d’août de la revue Environment International et déjà disponible en ligne.

Sur la période 2015-2017, la concentration moyenne de particules fines était d’environ 14 microgrammes par m3 à Grenoble et 15 µg/m3 à Lyon. Les particules fines d’origine humaine sont considérées comme responsables de 145 décès et 16 cas de cancer du poumon dans la première ville, et 531 décès et 65 cancers du poumon dans la seconde.

Les calculs des chercheurs montrent qu’une réduction de 2,9 µg/m3 à Grenoble et 3,3 µg/m3 à Lyon « serait nécessaire pour réduire d’un tiers la mortalité attribuable à ces particules ».

Ramener le niveau de pollution à la valeur recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – 10 µg/m3 en moyenne annuelle – « réduirait de moitié » la mortalité attribuable à ces particules, précisent-ils.

« Une telle étude peut être aisément transposée à d’autres agglomérations et peut aider les grandes villes françaises (…) à cibler des scénarios de réduction de la pollution atmosphérique permettant d’améliorer significativement la santé et le bien-être », conclut le communiqué de l’Inserm, du CNRS, de l’INRA et de l’Université Grenoble Alpes.

« L’équipe de chercheurs est maintenant en train d’identifier des actions concrètes à mener sur les principales sources de pollution (chauffage, trafic routier) qui permettraient d’atteindre une telle diminution », ajoute-t-il.

Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), les particules fines sont responsables de 391 000 morts prématurées par an dans l’Union européenne. En France, elles seraient à l’origine de 35 000 décès prématurés chaque année.

La limite annuelle moyenne fixée par l’Union européenne est de 25 µg/m3, soit 2,5 fois les recommandations de l’OMS.

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