Un an après Lubrizol, le renforcement de la sécurité des sites industriels reste une priorité

Publié le 24 septembre 2020 à 10h06 - par

Un an après l’incendie de l’usine Lubrizol et du site NL Logistique à Rouen, une série de mesures déjà annoncées ou débattues doivent permettre de renforcer la sécurité des sites dangereux, mais les collectivités aimeraient être mieux associées.

Un an après Lubrizol, le renforcement de la sécurité des sites industriels reste une priorité

« L’accident de Lubrizol a permis d’identifier beaucoup de choses » comme « la difficulté de prise en compte notamment des effets à long terme d’un accident et les difficultés à communiquer certaines informations, notamment sur l’état de stocks des matières », observe Christophe Bolvin, de la Direction des risques accidentels de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris).

« Des axes d’amélioration ont été identifiés : comment renforcer le stockage des liquides inflammables, comment mieux détecter un départ de feu » ou encore « le renforcement des plans d’opérations internes » (POI), explique-t-il.

Plusieurs de ces constatations pourraient se retrouver dans une série de mesures préparées par le ministère de la Transition écologique, qui est chargé du risque industriel.

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et son collègue ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se rendent ce jeudi 24 septembre à Rouen pour évoquer le dossier.

L’un des objectifs serait d’éviter un nouvel incendie de grande ampleur grâce à des dispositions ajoutées à la réglementation existante, sur les sites Seveso, sur les liquides inflammables, l’état des stocks ou la fréquence des exercices, selon des indications de source proche du dossier.

Ces mesures se traduiraient par une modernisation des stockages et entrepôts, qui pourrait se chiffrer au total à plusieurs milliards d’euros pour l’ensemble des secteurs économiques concernés.

Les dispositions viseraient parallèlement à une plus grande efficacité pour la gestion de crise.

Les études de danger pour réduire le risque à la source et l’action des inspecteurs ont déjà « considérablement renforcé la maîtrise du risque industriel en France » et « énormément d’efforts et de ressources sont mis en œuvre », assure le spécialiste de l’Ineris, tout en ajoutant qu’« il y a forcément encore à faire ».

Culture de sécurité industrielle

En février dernier, Élisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologique, avait déjà annoncé une première série de mesures, dont le recrutement de 50 inspecteurs des installations classées pour augmenter les contrôles de 50 % d’ici à 2022.

Elle avait aussi prévu la création d’un Bureau enquête accident indépendant, dédié aux risques industriels. Un responsable de la mise en œuvre de ce nouveau BEA a été nommé en juin.

« On avance sur les aspects de transparence et d’indépendance de l’analyse des causes d’un accident », estime Yves Blein, président de l’association Aramis, qui regroupe 80 collectivités concernées par le risque industriel.

Mais ces communes, qui ont une usine ou un stockage de produits dangereux dans leur zone, veulent être mieux associées.

« Il y a un élément pour nous qui reste sans réponse, c’est la place que l’on accorde aux collectivités dans tous les dispositifs de prévention, d’information et de culture du risque », déclare M. Blein.

« Il n’y a pas d’outil d’incitation à ce que les collectivités travaillent vraiment avec la population sur la question de la connaissance du risque et des exercices », ajoute le président d’Aramis, député du Rhône et ancien maire de Feyzin (Rhône), où se situe une importante raffinerie.

Il existe cependant sur chaque site Seveso une « commission de suivi de site », comprenant le préfet, le directeur de l’entreprise, les pompiers, le maire, etc.

Aramis demande aussi une modernisation des systèmes d’alerte des habitants proches, en cas d’accident industriel.

Pour son président, « le système de sirène n’est plus du tout opérationnel, plus identifié par la population » alors qu’il existe de nouveaux moyens techniques comme le « cell broadcast » qui permet de diffuser des messages directement sur les smartphones.

« Le lien avec les riverains est une composante importante, donc il faut développer des outils adéquats d’alerte », confirme un expert des questions de sécurité industrielle. Celui-ci appelle aussi à « des démarches plus participatives et moins institutionnelles » pour développer la culture de sécurité industrielle.

Le 26 septembre 2019, plus de 9 000 tonnes de produits chimiques, surtout des hydrocarbures, ont brûlé dans l’usine Lubrizol et l’entrepôt NL Logistique de Rouen. L’incendie n’a pas fait de victime mais a dégagé un panache de fumée noire de 22 km.

Lubrizol fabrique et distribue des additifs pour lubrifiants.

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