Le temps presse. En 2030, près de 7,5 millions de nos aînés auront plus de 75 ans. Nos Ehpad et services à domicile luttent pour recruter. Nos associations voient leurs rangs s’amenuiser, et nos travailleurs sociaux, malgré leur dévouement héroïque, sont épuisés. Allons-nous assister, impuissants, à l’effondrement de notre modèle social déjà précaire ? Ou allons-nous, dès aujourd’hui, libérer une puissance inexploitée, une force vive encore trop souvent ignorée : celle du voisinage, du lien humain, de la solidarité de proximité ? L’engagement citoyen est à la racine de notre Nation, la générosité citoyenne doit redevenir le carburant vital de l’action publique.
Potentiel d’une immense générosité
Depuis trois ans, une dynamique révolutionnaire a pris racine, initiée par des élus locaux visionnaires dans cinq départements et plus de 200 communes : l’Heure Civique. Son principe est d’une simplicité désarmante, son potentiel, illimité : chaque mois, donnez une heure pour votre commune ou vos voisins. Porter des courses, participer à une action municipale, accompagner un senior, embellir un quartier, encadrer une sortie scolaire, ou simplement… écouter et être là.
Cette démarche est née d’une intuition partagée : une immense générosité sommeille en chaque Français. Les résultats ont pulvérisé toutes les attentes : progressivement testée, plus de 20 000 volontaires ont déjà rejoint le mouvement, ravivant dans nos villes et nos villages des dynamiques humaines qu’il est impératif d’amplifier ! Pas d’engagement rigide, pas de contrainte bureaucratique, juste le désir ardent d’être utile. Devant chaque porte. Pour quelqu’un. Ici et maintenant.
La solidarité s’organise
Notre société déborde de ressources solidaires. Mais trop souvent, elles restent inertes, par manque de cadre, par manque d’impulsion. Pourtant, les crises récentes – attentats, Covid, défis climatiques – ont prouvé la fulgurance des élans de solidarité dès qu’un objectif clair et un sens sont donnés à l’engagement.
L’Heure Civique n’est pas un pansement. C’est un changement de paradigme radical. L’Institution ne peut avoir le monopole de la solidarité. Nous ne pourrons faire face au défi du vieillissement qu’en faisant travailler de manière complémentaire la famille, l’institution et, efficacement, le voisinage. La solidarité ne descend plus seulement d’en haut ; elle s’organise et fleurit à l’échelle des habitants, des rues, des quartiers.
C’est une révolution douce, mais d’une puissance inouïe qui rend… profondément heureux !
« Être utile »
Dans le 17e arrondissement de Paris – où elle a été lancée – comme dans tant de territoires, cette dynamique civique a déjà créé des ponts inattendus entre générations, entre habitants qui ne se parlaient jamais. Elle mobilise commerçants, parents d’élèves, jeunes, retraités… autour de valeurs communes. Pas de grandes déclarations, mais des gestes simples et authentiques. Et cette phrase qui revient, poignante : « Je ne savais pas que je pouvais être utile. Maintenant, je sais pourquoi je suis là. »
Une alliance entre institutions, collectivités et citoyens
Nous croyons avec force que la République doit offrir aux citoyens un projet collectif, enthousiasmant, basé non sur l’avoir mais sur l’être, un projet qui permettra à chacun de trouver du sens et de donner ce que nous avons de meilleur en nous. Nous sommes convaincus que l’État doit se réconcilier avec son échelon le plus fondamental : la proximité. C’est là que la confiance se bâtit. Là où l’on ne délègue plus tout à l’État ni au marché, mais où l’on redonne au citoyen une part essentielle de responsabilité, de fierté et de pouvoir d’agir.
Ce modèle, aujourd’hui éprouvé, testé, et validé, doit impérativement entrer pleinement dans le champ des politiques publiques. Nous voulons un État visionnaire, un État stratège dans le domaine des politiques sociales. Il ne s’agit pas de remplacer les solidarités institutionnelles ou associatives, mais de construire une alliance nouvelle, invincible, entre les institutions, les collectivités et les citoyens.
Engagez-vous !
Nous lançons un appel retentissant : la solidarité de proximité doit devenir un axe structurant et prioritaire des politiques sociales à venir. Il est temps que les ministères, les collectivités, les caisses de retraite, les bailleurs, les établissements d’enseignement, les entreprises et les médias se saisissent de cette révolution douce, afin de lui donner une ampleur nationale !
Engagez-vous ! Parlez-en autour de vous ! Contactez vos élus ! Chaque Français est en mesure de donner une heure par mois pour le bien commun et pour les autres !
La solidarité citoyenne n’est pas un simple supplément d’âme ; c’est une stratégie d’avenir vitale. C’est l’avenir que nous devons construire, ensemble, dès maintenant.
Par Geoffroy Boulard, Maire du 17e arrondissement de Paris, Vice-président de la Métropole du Grand Paris,
et Atanase Périfan, Créateur de la Fête des Voisins et de Voisins Solidaires