Vote à 16 ans aux municipales : il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre démocratique !

Publiée le 12 mai 2025 à 16h00 - par

À moins d'un an des élections municipales et alors que la France traverse depuis plusieurs années un malaise démocratique majeur, l'UNICEF France plaide pour abaisser la majorité électorale à 16 ans pour les municipales. Aux côtés de nombreux partenaires dont plusieurs mouvements de jeunesse, mais aussi de maires engagés à nos côtés pour porter cette revendication, nous alertons sur la nécessité de lutter contre la distance croissante entre les politiques et les jeunes en leur donnant la possibilité de choisir leurs représentants au niveau local.
Vote à 16 ans aux municipales : il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre démocratique !
© UNICEF France - Benjamin Decoin

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Si la démocratie française vit une crise profonde marquée par une perte de confiance envers les institutions, une participation électorale en berne et un sentiment de distance avec les institutions politiques croissant notamment chez les jeunes, ces derniers sont toutefois déjà engagés et impliqués dans la vie citoyenne. Partout sur le territoire, ils s’investissent dans les causes qui leur tiennent à cœur, souvent en dehors des espaces institutionnels.

Un droit fondamental

Si les jeunes nous rappellent avec force que la politique ne se limite pas aux urnes, le vote reste un droit fondamental : selon une étude de la Fondation Jean Jaurès, ils considèrent d’ailleurs que voter est le moyen le plus efficace de faire entendre leur voix, devant la mobilisation en ligne ou la participation via des mouvements politiques tels que les syndicats ou les partis. Il nous appartient donc de leur en faciliter l’accès.
Prendre en compte les points de vue des jeunes de 16 et 17 ans dans le débat politique, c’est reconnaître leur place dans la société et leur envie d’agir pour le bien commun. Ce sont eux qui sont en première ligne face aux grands enjeux de demain : la transition écologique, la justice sociale, l’accroissement des inégalités, le numérique ou encore l’intelligence artificielle. Leur permettre de voter aux élections municipales, c’est leur témoigner notre confiance et les associer pleinement aux décisions qui façonnent leur présent et leur avenir.

Pour une revitalisation de la démocratie locale

Premiers laboratoires de la participation des citoyens aux politiques publiques, les villes comptent une variété croissante de dispositifs visant à impliquer leurs habitants dans la vie publique : conseils locaux de quartiers, enquêtes publiques, budgets participatifs ou autres processus de consultation faisant preuve d’une force d’innovation démocratique. Pourtant, un grand nombre de ces dispositifs ne permettent pas l’implication des mineurs, soit en raison du cadre légal, soit en raison des modes de participation choisis par la collectivité (par exemple par tirage au sort sur les listes électorales), soit parce qu’il s’agit d’un impensé et que les formats ne sont par conséquent pas adaptés aux enfants et aux jeunes.
Lorsqu’ils permettent leur participation, ces espaces restent marqués par un manque de représentativité des jeunes qui en sont membres et limités à un faible nombre de participants. Par ailleurs ils visent la plupart du temps à permettre aux jeunes de faire un apprentissage de la vie citoyenne, et non à peser réellement dans les décisions politiques : selon l’INJEP, deux tiers des enfants et des jeunes membres de conseils locaux d’enfants et de jeunes estiment que leurs contributions n’ont pas d’influence sur les décisions prises.

1,6 million de jeunes concernés

Pourtant, les enfants sont souvent en demande d’une plus grande implication aux décisions prises sur leur territoire, qui impactent très concrètement leur quotidien. Loin des dispositifs à l’impact limité, abaisser la majorité électorale à 16 ans pour les élections municipales permettrait d’intégrer près de 1,6 million de jeunes au corps électoral.
Cela constitue également une réponse forte face à une abstention qui reste dramatique, notamment chez les jeunes électeurs. Déjà mise en place dans une quinzaine de pays, la mesure a démontré son efficacité pour renforcer la participation électorale des jeunes sur le long terme. La principale raison de l’abstention des jeunes reste la mal-inscription sur les listes électorales : inscrits sur des listes qui ne correspondent pas à leur commune de résidence, les jeunes voient leur capacité à voter entravée par la distance géographique, à un âge où la mobilité résidentielle est forte.
Abaisser l’âge de vote à 16 ans aux élections municipales permettrait aux jeunes d’exercer leur droit de vote dans un contexte plus favorable, alors que la plupart d’entre eux sont encore dans un milieu familial et scolaire. Il a été démontré que ces deux facteurs encouragent la participation électorale. Cela permettrait ainsi de minimiser les obstacles causés par la mobilité mais aussi de profiter du contexte scolaire pour mieux informer ces primo-votants sur les enjeux des élections municipales, les sources d’informations disponibles ou encore les modalités de vote.

Pour des villes répondant aux préoccupations des jeunes

Au-delà d’une meilleure application du droit pour les mineurs d’être entendus, garanti par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), donner un poids électoral aux jeunes de 16 et 17 ans permettrait une plus grande prise en compte de leurs préoccupations dans les campagnes politiques et donc une meilleure application de tous les autres droits de la CIDE. Cette proposition est d’ailleurs soutenue par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies, organe chargé de veiller à l’application de la CIDE par les États signataires. Elle contribuerait ainsi à une prise de décision politique plus juste et plus équilibrée, en rétablissant l’équilibre générationnel du corps électoral et en améliorant la représentativité de la population en son sein. Parce que les décisions prises par les décideurs ont un impact indéniable sur la vie quotidienne des enfants et des jeunes, mais aussi sur leur vie future, il est temps d’abaisser l’âge de vote à 16 ans aux élections municipales.

Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France