Remarque
La réglementation européenne sur les déchets privilégie leur réduction sur tout autre mode de gestion. De plus, le Grenelle de l’environnement a rendu obligatoire la mise en œuvre d’un plan local de prévention des déchets – PLPD (cf. Élaborer un programme local de prévention des déchets) dans les collectivités en charge de la collecte de déchets. Ces programmes sont parfois l’occasion de développer une recyclerie sur un territoire.
Il s’agit dans cette étape de bien comprendre ce qu’est une recyclerie, mais aussi de créer la dynamique nécessaire au déroulement du projet.
Une recyclerie est une structure dédiée au réemploi et à la réutilisation. Elle a aussi des objectifs économiques et sociaux (création de valeur et d’emplois). Elle est non seulement un outil de proximité au service du territoire pour la réduction des déchets, mais aussi un service de formation, de transmission des bonnes pratiques et un lieu de vie.
Collecter les déchets
Cette activité – essentielle – de la recyclerie est mise en œuvre :
- sur appel téléphonique auprès des particuliers et, parfois, des entreprises ;
- en porte-à-porte, en lieu et place d’une collecte d’encombrants de la collectivité ;
- en déchetterie, en mettant à disposition un « caisson de réemploi » (celui-ci prend en général la forme d’un conteneur maritime fermé) ou lors de demi-journées événementielles ;
- en apport volontaire, directement auprès de la structure.
Revaloriser les produits apportés
Les recycleries donnent une seconde vie aux objets :
- en les réparant ;
- en les transformant (mise en peinture, transformation en objets d’usage différent…) ;
- en les nettoyant pour les rendre plus attractifs à la vente.
Vendre
Les recycleries disposent généralement d’un espace de vente (souvent de 100 à 300 m2) ouvert au public. Certaines proposent des produits sur Internet, souvent des objets de valeur pouvant intéresser des collectionneurs ; et d’autres, disposant d’un stock suffisant, sont en mesure de proposer du mobilier ou des équipements pour répondre à des situations d’urgence (rééquiper une école ou des familles sinistrées par une catastrophe naturelle, par exemple).
Former
Leur rôle est également de :
- sensibiliser le public à l’environnement et au développement durable ;
- former son propre personnel à différents métiers pouvant être exercés dans le cadre de l’activité de la structure : vendeur(-euse), réparateur(-trice) en électroménager, menuisier(-ère), chauffeur(-euse), valoriste…
Accueillir
Les recycleries peuvent être des lieux de vie et d’insertion ; certaines proposent des cafés-accueil ou disposent d’un espace de type salon de thé.
Quels déchets traiter et quelle organisation adopter
Les recycleries développent leur activité sur différents types de déchets :
- les textiles, linge, chaussures ;
- les livres ;
- les meubles ;
- les objets du quotidien (vaisselle, matériel de puériculture, bibelots, jouets…) ;
- les équipements électriques et électroniques (informatique, petit ou gros électroménager…) ;
- les matériaux de récupération ;
- les déchets d’activités économiques (déchets industriels banals comme le mobilier professionnel).
Et certaines se spécialisent sur l’un ou l’autre gisement.
Dans cette étape préalable, il faut identifier un porteur de projet. Dans certains cas, c’est la collectivité elle-même qui joue ce rôle, pour le confier ensuite à une structure dédiée lors de la mise en œuvre. Le plus souvent, le porteur est un tiers :
- une association à vocation environnementale ou, le plus souvent, développant déjà une activité autour de l’insertion (régie de quartier, par exemple) ;
- une entreprise ;
- ou un individu.
Dans ce cas, la collectivité aura un rôle d’accompagnement et éventuellement de fournisseur de moyens.
Recyclerie ou Ressourcerie®
Le terme de Ressourcerie® est déposé à l’INPI, il répond à un référentiel précis. Pour intégrer le Réseau des Ressourceries et bénéficier de cette appellation, une structure de récupération et de revente des déchets doit intégrer dans son fonctionnement quatre fonctions :
- la collecte préservante (en déchetterie, en porte-à-porte ou sur rendez-vous, en complément ou en substitution des collectes existantes). Les Ressourceries® sont souvent autorisées à prélever ce qui les intéresse dans les déchetteries et avant les collectes d’objets encombrants. Avec la
loi n° 2020-105 du 10 février 2020
, l’accès aux déchetteries est de droit si une Ressourcerie® en fait la demande. Une convention doit dès lors être signée entre la collectivité et la structure. Rien ne précise si ces interventions, qui conduisent à la réduction des tonnages à traiter par les collectivités, devront être rémunérées, ou si elles resteront gracieuses, comme c’était souvent le cas antérieurement ;
- la valorisation des produits récoltés qui sont nettoyés et réparés (ateliers électroniques, menuiserie…) et en grande partie sauvés de la perspective d’enfouissement ;
- la revente des objets pour financer la structure. Elle s’effectue sur place ou via des partenaires comme des dépôts-ventes ou des brocantes ;
- l’éducation à la prévention des déchets et à un autre rapport à la consommation (sensibilisation des usagers, des écoles).
Pour créer une dynamique autour du projet, il est utile à ce stade de mettre en place un comité de projet (ou comité de pilotage) qui réunit les personnes et organisations qui pourront y participer ou appuyer son montage.