Comportements acceptables et non acceptables
En éducation (vie scolaire, enseignement, famille), il serait vain de croire que les élèves sont seuls à l'origine de tous les problèmes, y compris de ceux dont la responsabilité leur est traditionnellement attribuée, qu'il s'agisse de résultats insuffisants ou de comportements individuels ou collectifs inadaptés. La première étape dans le traitement des problèmes consiste à identifier, clarifier et stabiliser la ligne de démarcation entre les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas dans un contexte donné (cf. Figure 1).
Figure 1 – Schéma théorique de la ligne de partage entre comportements acceptables ou non
Si l'on se réfère aux comportements des élèves (dans le cadre de l'enseignement ou de la vie scolaire), certains d'entre eux sont considérés comme adaptés et satisfaisants, d'autres non, et la première difficulté est précisément la définition de ce seuil de tolérance
Il est évident que dans une communauté scolaire (mais aussi dans la famille ou la société), il y a tout intérêt à ce qu'il n'y ait pas trop de discordance dans la définition de cette ligne de démarcation. D'une certaine manière, le règlement intérieur est une tentative pour stabiliser cette frontière pour les membres de la communauté éducative. Mais, dans la pratique, il s'agit d'une tentative toujours inachevée qui se heurte à la fois aux interprétations multiples et aux seuils individuels de tolérance.
Par exemple, on constate des désaccords fréquents entre enseignants et CPE à propos des exclusions de cours (ces derniers jugeant parfois qu’elles sont trop fréquentes, ou injustifiées) ; ou encore, entre un enseignant qui demande la convocation du conseil de discipline (parce qu’il pense que l’acte de l’élève justifie une exclusion) et le chef d’établissement qui relativise et propose une solution alternative.
Petits arrangements avec soi-même
Une difficulté supplémentaire, susceptible d’expliquer certaines divergences de réaction, provient d'une zone intermédiaire, plus ou moins développée chez chacun, dite de fausse acceptation (cf. Figure 2).
Figure 2 – La zone de fausse acceptation
C'est dans cette zone que se situent des comportements d'élèves que l'on est – par nécessité ou par conformisme – amené à considérer comme acceptables, alors que, dans le fond, on les rejette.
Exemple
« Je ne vois pas pourquoi c'est justement au lycée que les élèves devraient trouver des préservatifs... »
À l'inverse, dans cette zone se trouvent aussi des comportements que l'on est amené à considérer comme inacceptables alors que, dans le fond, on les comprend et les accepte
Exemple
« Après tout, ils sont majeurs ; s'ils n'ont pas envie de venir... »
Cette zone-là, particulièrement propice aux phénomènes de double contrainte, est fortement parasitée sur le plan de la communication et se prête à tous les jeux relationnels non seulement entre élèves et éducateurs, mais aussi entre les membres de l’équipe éducative.
À qui appartient le problème ?
Ensuite, pour amorcer une communication efficace lorsqu’un problème se présente, il faut identifier clairement celui à qui appartient le problème en question : cette appartenance est essentielle pour déterminer la manière d'y faire face et tenter de le solutionner. Soit le problème appartient à l'élève, soit il appartient à l'éducateur (cf. Figure 3).
Figure 3 – Identification de la personne à qui appartient un problème
Dans le premier cas, si l'élève est fatigué ou fait état de difficultés familiales, le rôle de l'éducateur sera d'aider l'élève à formuler et résoudre lui-même son problème, mais il ne peut, bien sûr, le faire à sa place ; dans le second (l'élève provoque une bagarre dans la cour ou fume dans le couloir), l'éducateur doit réagir et jouer un rôle actif dans la résolution du problème.
Remarque
Entre ces deux zones se situe la zone « sans problème », qu'il convient d'élargir au maximum en sachant bien – et le CPE le sait mieux que tout autre – qu'elle ne saurait occuper la totalité de l'espace : personne n'est totalement ni constamment à l'aise, ni parfaitement conforme aux exigences de l'autre ou de l'institution.