Que ce soit par le
nouveau référentiel de 2013
, la
circulaire des missions de 2015
ou les dispositifs liés à la nouvelle organisation du collège, les CPE voient leurs missions s’ouvrir vers une plus grande proximité du groupe classe constitué. S’il a toujours été un référent majeur des savoir être, il peut devenir désormais un acteur direct de la transmission des savoirs dans le cadre de dispositifs clairement définis.
Le référentiel de compétences de l’
arrêté du 1er juillet 2013
met en exergue les compétences croisées, complémentaires et liées entre les différents membres de l’équipe pédagogique dont le CPE fait partie. Il invite celui-ci à élargir sa zone d’activité pour intégrer la sphère de la classe.
L’arrivée pédagogique du CPE dans les « nouveaux enseignements » peut être valorisante, mais son ancrage pédagogique dans les parcours institutionnels doit, quant à lui, rester prégnant.
La citoyenneté est désormais au cœur des apprentissages fondamentaux. Amener l’élève à construire une réflexion personnelle et constructive dans le respect de chacun ne s’improvise plus. Le CPE, référent s’il en est en la matière, doit désormais investir un terrain qui lui est parfois familier, celui de la classe dans le cadre de la coanimation. Il doit se préparer à franchir ce seuil qu’il s’est souvent fermé et qui s’ouvre désormais dans le cadre de programmes spécifiques que sont les EPI (enseignements pratiques et interdisciplinaires) et l’EMC (enseignement moral et civique).
L’EMC, l’éducation morale et civique
Civilité, civisme et citoyenneté
L’éducation morale et civique est l’enseignement qui installe le triptyque civilité, civisme et citoyenneté dans le champ des apprentissages (cf. fiches Contribuer à l’enseignement moral et civique, et Intervenir dans l’enseignement moral et civique en 6e). Son objectif est « d’associer dans un même mouvement la formation du futur citoyen et la formation de sa raison critique ». Il doit développer « le sens moral et l’esprit critique et permettre à l’élève d’apprendre à adopter un comportement réfléchi. Il prépare à l’exercice de la citoyenneté et sensibilise à la responsabilité individuelle et collective ». Il permet aux élèves « de comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, de reconnaître le pluralisme des opinions, les convictions et les modes de vies ; il favorise le respect des droits et de la loi ». Il transmet les valeurs qui fondent la République aux travers de textes essentiels comme la Déclaration des droits de l’homme et la Convention internationale des droits de l’enfant.
Un travail d’équipe
Fort de ces apports, le CPE apparaît comme un élément incontournable de la formation de l’élève dans le cadre de l’EMC. Même si les professeurs d’histoire-géographie et d’EPS sont directement dévolus à la tâche de transmission des contenus des savoirs liés à la matière, l’intervention du CPE dans une acception pragmatique d’assimilation de la matière est incontournable. L’EMC se construit autour d’un ensemble de valeurs, de savoirs et de pratiques propices à la mise en valeur des savoir-faire du CPE.
Il ne part pas ex nihilo, il possède déjà une solide expérience des interventions au sein de la classe, que ce soit dans le cadre des heures de vie de classe (cf. S’impliquer dans les heures de vie de classe) ou du conseil de classe — seul ou en coanimation avec le professeur principal ou dans le pré carré de la formation des délégués (cf. Former les délégués des élèves) —, ou encore dans son implication au sein d’institutions internes tels les conseils des délégués pour la vie collégienne et lycéenne (cf. Système représentatif et démocratie lycéenne), hauts lieux de la vie démocratique des établissements dans lesquels s’épanouissent l’engagement et l’altruisme des élèves.
La transformation principale de l’investissement du CPE va résider désormais dans sa capacité à rendre cohérent et lisible l’ensemble des actions qu’il mène au sein de l’établissement en y donnant une résonance spécifique par le biais de l’évaluation des actions menées. Ses compétences reconnues vont l’amener de plus en plus à intervenir au sein même de la classe dans le cadre des enseignements d’EMC, les formes que revêtiront ses interventions seront multiples et reposeront sur la culture de partenariat intrinsèque à la fonction. La coanimation avec les professeurs en charge de l’EMC doit devenir une habitude dans les établissements et le CPE doit se positionner afin d’être en mesure de répondre aux sollicitations de ses collègues dans le cadre de cet enseignement qui s’ouvre à lui.
Les EPI, les enseignements pratiques interdisciplinaires
Un enseignement interdisciplinaire
Un nouvel enseignement apparaît à la prochaine rentrée dans lequel le CPE peut, là encore, investir le sanctuaire de la salle de classe, celui des EPI.
Les EPI sont une innovation pédagogique qui se mettra en place dès la rentrée 2016 dans le cadre de la « réforme du collège », plus précisément de la mise en œuvre de la
loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013
d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.
Même si l’administration centrale s’en défend, on peut considérer qu’il existe une agnation forte entre les EPI et les anciens parcours diversifiés, travaux croisés ou autres itinéraires de découvertes. Ils reposent sur l’interdisciplinarité en mobilisant au moins deux disciplines, ils permettent, comme leurs prédécesseurs, « de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences » et s’appuient sur une démarche de projet et conduisent à une réalisation concrète, individuelle ou collective. Mais les EPI sont une évolution notable car tout d’abord ils s’inscrivent dans les différents programmes d’enseignement, à hauteur de 2 ou 3 heures hebdomadaire, et seront évalués pour l’attribution du futur DNB dans le cadre de l’épreuve orale (cf. Le diplôme national du brevet). Mais ils concernent aussi l’ensemble des élèves du cycle 4, à savoir, tous les élèves de la 5e à la 3e.
Contrairement à ses aînés (itinéraires de découverte, travaux croisés…), l’EPI se définit strictement autour des 8 thématiques interdisciplinaires suivantes :
- Langues et cultures de l’Antiquité ;
- Langues et cultures étrangères/régionales ;
- Monde économique et professionnel ;
- Culture et création artistique ;
- Corps, santé, bien-être et sécurité ;
- Transition écologique et développement durable ;
- Sciences, technologie et société ;
- Information, communication, citoyenneté.
Une réflexion collective
Les EPI se constituent autour d’une réflexion collective afin de faire vivre une nouvelle approche des savoirs et de mettre en œuvre une propédeutique mieux adaptée aux élèves concernés.
Ici encore les compétences du CPE peuvent être mises à contribution dans le cadre de partenariat avec les équipes enseignantes. De nombreuses thématiques proposées et imposées correspondent à ses compétences professionnelles et il peut s’inscrire dans le cadre de coanimations préparées dans différents enseignements pratiques interdisciplinaires. Sa dimension de pédagogue doit, dans un cadre bien défini, ajouter un poids supplémentaire au propos tenu dans le cadre d’un enseignement spécifique par le relief de sa fonction.
Il y a, pour le CPE, un intérêt pragmatique à participer à ces dispositifs car les EPI doivent contribuer de façon concrète à la mise en œuvre au collège des trois parcours éducatifs et il est partie prenante dans deux d’entre eux, à savoir le parcours Citoyen et le parcours Avenir. En ce qui concerne le parcours d’éducation artistique et culturelle (cf. S’impliquer dans le parcours artistique et culturel), les liens sont plus ténus même s’ils existent souvent.