Menu

Asdjathy Said Ali

Directrice régionale par intérim Délégation Mayotte Centre national de la fonction publique territoriale

à propos de

Prénom : Asdjathy

Nom : Said Ali

Fonctions : Directrice régionale par intérim Délégation Mayotte Centre national de la fonction publique territoriale


« Ce qui m'anime profondément, c'est la certitude que, modestement mais concrètement, nous contribuons à renforcer le service public local et à répondre aux besoins de la population. Chaque journée est une opportunité d'apporter une pierre à l'édifice collectif. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Asdjathy Said Ali : J’exerce aujourd’hui les fonctions de directrice adjointe du CNFPT à Mayotte et assure actuellement l’intérim de la direction de la délégation. Mon parcours est marqué par un fil rouge : l’engagement citoyen, le service public et l’accompagnement des personnes.

Avant de devenir fonctionnaire, j’ai été (et le suis toujours), depuis 2011, bénévole dans plusieurs associations œuvrant dans les domaines de la réussite éducative, de l’entraide, de la culture et de l’émancipation des femmes. J’ai également eu l’opportunité de travailler dans des structures variées, aussi bien dans le secteur privé associatif (Mission locale) que dans un service de l’État, ce qui m’a permis d’expérimenter concrètement la notion d’intérêt général avant d’embrasser la fonction publique territoriale au CNFPT Mayotte.

En effet, depuis mes années étudiantes, je me suis investie sur les sujets liés à l’égalité des chances, avec la conviction que chacun doit pouvoir accéder aux mêmes opportunités, quels que soient son parcours ou son origine.

Ma formation initiale en développement local et conduite de projets m’a donné les bases solides pour évoluer dans des fonctions de pilotage et d’animation, au service du territoire et de ses acteurs.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Asdjathy Said Ali : Si je devais décrire mon métier en trois mots, je choisirais en réalité les cinq lettres du sigle CNFPT. C pour Collectif, car rien ne se construit seul et notre force vient de l’intelligence collective. N pour Nouvel élan, celui que nous apportons aux agents et aux collectivités dans leurs projets. F pour Formation, qui incarne la transformation face aux évolutions sociétales. P pour Partage. Et enfin T pour Territoires. C’est exactement ce qui guide mon action au quotidien.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Asdjathy Said Ali : Ce qui me vient en premier lieu, c’est l’assertivité : cette capacité à manager et à coordonner sans écraser et sans se laisser écraser, dans un cadre de respect mutuel. Il faut également savoir décider, parfois « frustrer », et arbitrer dans un contexte souvent contraint, tout en gardant le cap stratégique et en restant opérationnelle au quotidien.

Manager suppose aussi de le faire avec bienveillance, en considérant que l’humain « a » et « est » une ressource essentielle pour avancer collectivement au service de l’intérêt général. On en parle peu, mais notre quotidien exige aussi de maîtriser l’intelligence émotionnelle, qui conditionne la qualité des relations professionnelles.

Enfin, une qualité tout aussi déterminante est la capacité d’écoute et de fédération, indispensable pour créer du lien entre des équipes et des acteurs aux cultures professionnelles diverses.

Qu’est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Asdjathy Said Ali : Pour être terre à terre, ce qui me fait me lever chaque matin, c’est d’abord le territoire, et donc mes équipes, les collectivités, mais aussi, de façon plus personnelle, mes deux petites filles, car je sais que je suis leur premier modèle de figure. Je répète souvent à mes équipes cette phrase, tirée du titre du film de Paola Cortellesi : « Il reste encore demain ». Elle résume bien mon état d’esprit : cette envie de se réveiller chaque jour pour tenter, essayer, réessayer, avec la conviction qu’il restera toujours un lendemain pour avancer.

Ce qui m’anime profondément, c’est la certitude que, modestement mais concrètement, nous contribuons à renforcer le service public local et à répondre aux besoins de la population. Chaque journée est une opportunité d’apporter une pierre à l’édifice collectif.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Asdjathy Said Ali : Je citerais le travail collectif mené lorsque j’étais en poste de chargée de mission dans un service de l’État, sur un dispositif national visant à accompagner la montée en compétences des jeunes, le pacte ultramarin d’investissement dans les compétences (issu du Plan d’Investissement dans les Compétences – PIC). Ma fierté tient à la capacité que nous avons eue de fédérer des acteurs qui, habituellement, ne travaillaient pas ensemble autour de la question du handicap. Grâce à cette intelligence collective, nous avons pu mettre en place un dispositif d’accompagnement à la professionnalisation de personnes en situation de handicap, sur un territoire qui ne dispose toujours pas d’un CAP Emploi. Ce fut le début d’une véritable révolution et une première réponse concrète à un public qui en avait grand besoin. C’est ce type de projet qui incarne le sens de nos missions : être utile, au plus près du terrain, dans des contextes exceptionnels.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Asdjathy Said Ali : Personnellement, mon rêve est déjà en train de se réaliser : devenir ce que je porte comme conviction et « passion », c’est-à-dire être pleinement au service des autres et du territoire.

Professionnellement, mon rêve serait que Mayotte ne soit plus regardée à travers un prisme déformant, comme une dentelle fragile ou à travers des lunettes biaisées, mais bien à l’œil nu, par celles et ceux qui prennent le temps de venir vivre le territoire. J’aimerais que l’on cesse de parler uniquement de difficultés, et que l’on mette enfin en lumière la créativité, la force tranquille de ses habitants malgré les épreuves, ainsi que l’engagement remarquable des agents publics des trois versants de la fonction publique.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Asdjathy Said Ali : Comme jeune maman, la rencontre avec mes enfants a profondément transformé mes réflexes et ma vision, nourrissant mon envie d’aller plus loin.

À la découverte de l’administration publique, une ancienne responsable de service, Habiba Dissou-Belo, m’a guidée vers les IRA et m’a encouragée à passer le concours d’attachée d’administration de l’État, ouvrant ainsi une nouvelle étape de mon parcours.

Enfin, dans la territoriale, plusieurs figures m’inspirent au quotidien : la présidente du réseau RH de Mayotte, Delfina Houdjatte-Issoufa, une femme rigoureuse et pleine de ressources ; l’ancienne directrice générale du CNFPT national, France Burgy, par son pragmatisme et sa stature de modèle féminin ; et bien sûr mon équipe du CNFPT Mayotte, une véritable rencontre collective qui m’élève dans mon approche managériale.

La liste est longue. Beaucoup de figures, ici comme ailleurs, m’ont inspirée par leur rigueur et leur humanité. Toutes ces rencontres ont forgé la personnalité professionnelle et humaine qui est la mienne aujourd’hui.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Asdjathy Said Ali : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite ». Henry Ford. Cette citation résume parfaitement ma vision : on ne réussit jamais seul, et c’est l’intelligence collective qui permet de construire et de durer.

Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?

Asdjathy Said Ali : Je pratique depuis quelque temps une déconnexion progressive en quittant le bureau. Ce n’est pas toujours évident, mais j’avance doucement dans cette démarche. Tous les deux mois environ, je m’accorde une escapade de quelques jours quelque part sur l’île, en dehors de mon domicile, pour rompre avec le quotidien. J’y choisis des activités qui nourrissent à la fois mon esprit et mon corps, comme un massage, une séance de cinéma ou une marche. Je veille également à préserver des moments pour moi chaque soir et chaque week-end, que ce soit pour lire, marcher ou simplement organiser mes pensées. C’est essentiel pour rester disponible aux autres.

J’apprends aussi à « lâcher prise », car je suis désormais consciente (ce qui n’était pas le cas auparavant) que je ne peux pas « sauver le monde », comme me le rappelle souvent mon compagnon.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Asdjathy Said Ali : Le 1er changement est sans aucun doute la crise Chido, qui nous a amenés à penser la formation autrement, dans un territoire exposé à des aléas naturels et humains.

Plus largement, l’accélération des transitions sociétales et numériques que connaît Mayotte nous oblige à repenser nos métiers et nos modes de formation. Les crises successives, qu’elles soient sociales, institutionnelles ou climatiques, nous rappellent quant à elles combien notre action publique doit rester agile, souple et profondément ancrée dans les réalités locales.

Le 2e changement est le changement d’échelle latent de l’activité de notre délégation, qui m’amène à assumer aujourd’hui de nouvelles responsabilités sur des champs que je suivais jusque-là de manière plus distante, comme la gestion des ressources ou les finances. Cela s’est concrétisé notamment par la confiance qui m’a été accordée avec l’intérim de la direction de la délégation.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

Tous les portraits

Rejoindre le club des portraits d'acteurs publics ?

Si vous souhaitez proposer votre candidature ou celle d'une personnalité, contactez nous !

Nous contacter