Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Maxime Silvestre : Depuis le début de mes études supérieures, j’ai la conviction que les collectivités locales sont le niveau le plus adéquat pour contribuer à agir pour le bien-être des citoyens et à apporter un grain de sable à l’amélioration du bien-être collectif. C’est pour cela que j’ai volontairement multiplié des expériences en collectivités et ce, dès le début de mes études supérieures. Désormais, depuis 2020, j’ai choisi d’accompagner les collectivités dans l’amélioration de leur fonctionnement, afin qu’elles puissent gagner en efficience.
Cela passe notamment par la formation des élus sur le rôle et les responsabilités, les aider à déterminer une vision stratégique et affirmer leurs valeurs. Cela passe également par la formation des agents sur la montée en compétences sur les problématiques qui les animent. Cela passe enfin par l’accompagnement à la fois stratégique et opérationnel sur différentes thématiques de gestion, à partir d’un diagnostic contextualisé et la mise en rapport des possibilités, des volontés et des moyens à disposition.
Auparavant, de 2007 à 2012, j’ai occupé des fonctions de Responsable de services « commande publique » dans une communauté d’agglomération et une station de sport d’hiver.
De 2012 à 2020, j’ai successivement occupé plusieurs fonctions dans une station de sport d’hiver : Responsable de services, Directeur général adjoint « ressources » puis Directeur général des services, avec un intermède d’un an comme consultant dans un cabinet de conseil en finances locales.
En parallèle, j’ai été adjoint pendant 2 ans puis maire de ma commune de 1 000 habitants de 2008 à 2018. J’ai contribué à créer une commune nouvelle au 1er janvier 2016 : Salins-Fontaine.
Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?
Maxime Silvestre : Tout d’abord, le premier mot est « Vision ». En effet, je démarre souvent mes interventions notamment en formation par la citation suivante de Sénèque : « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Déterminer une vision du territoire de demain permet aux élus de définir des orientations claires et cohérentes pour leurs projets, politiques publiques, ou niveau de qualité de service public. Les aider à déterminer cette vision permet souvent de résoudre un grand nombre de difficultés rencontrées. À partir de cette vision globale, il est ensuite possible d’anticiper les enjeux futurs et proposer des plans d’action adaptés aux réalités locales.
Ensuite, le deuxième mot est « Dialogue ». Le cœur du métier repose sur l’écoute et la concertation. Faciliter les échanges entre élus, agents voire citoyens, créer des espaces de discussion et faire émerger des solutions partagées permettant de renforcer l’adhésion aux projets, voilà ce qui est extrêmement motivant.
Le troisième mot est « Expertise ». Connaître les cadres réglementaires, c’est bien, aller au-delà, en apportant des réponses opérationnelles, grâce à de bonnes pratiques éprouvées, c’est mieux ! Ce que j’apprécie par-dessus tout, c’est de transformer les idées en actions concrètes, en proposant différentes manières de procéder, en n’hésitant pas à surprendre, à innover.
Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?
Maxime Silvestre : Tout d’abord, l’écoute active. Récemment, un ami m’a indiqué : « on met deux ans à apprendre à parler, mais toute la vie à apprendre à écouter ». C’est incroyable comme cette phrase se vérifie au quotidien. Ensuite, la capacité de passer du stratégique à l’opérationnel. Les conclusions d’études stratégiques peuvent échouer dans leurs mises en œuvre opérationnelles.
Enfin, la capacité de synthèse des différents contextes. Il me semble déterminant de prendre en compte l’ensemble des contextes, à la fois historique, économique, social, démographique, environnemental… pour appréhender un territoire et son devenir. Cette vision globale est déterminante pour comprendre et conseiller.
Qu’est-ce qui vous fait lever chaque matin ?
Maxime Silvestre : Quand je rencontre des élus et des agents des collectivités qui ne ménagent pas ni leur temps ni leurs efforts pour le bien-être de leurs habitants au quotidien, en gérant leur collectivité « en bon père de famille » comme on dit, et que je leur trouve une ou des solutions qui vont leur faire gagner du temps, qui vont permettre d’économiser de l’argent, quand je les rassure dans leurs actions, là, je ressens ma véritable valeur ajoutée.
Quel est le projet qui vous a le plus marqué ou dont vous parleriez avec fierté ?
Maxime Silvestre : J’en ai deux. Le premier, c’est la rénovation de l’école de la commune dont j’étais le maire. La consommation énergétique a été divisée par deux, nous sommes passés du fioul à une énergie propre. Pendant un an, les élèves ont fait classe dans la salle polyvalente. Le déménagement a été réalisé par des élus, des parents d’élèves et des citoyens. La cohésion générée par ce projet et la contribution à l’amélioration des conditions d’études des enfants du village, ce sont de vraies fiertés.
Le deuxième, c’est le fait d’avoir poussé deux agents que j’ai encadrés à évoluer professionnellement.
Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?
Maxime Silvestre : J’aimerais poursuivre le développement d’un réseau animé par les valeurs du service public afin d’accompagner élus et agents des collectivités en proximité, grâce à l’échange de bonnes pratiques et le partage d’outils.
Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?
Maxime Silvestre : La première a été Amélie Girerd. Nous avons réalisé nos études ensemble à l’IEP Grenoble et en master 2 à l’IEP de Lyon. J’ai trouvé en elle un alter ego féminin ! Nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes motivations à contribuer au bien-être des citoyens. Nous avons été maires tous les deux (elle l’est encore en 2025 !). Elle a été collaboratrice parlementaire, chef de cabinet d’un secrétaire d’État et conseillère départementale.
La deuxième a été Olivier Nys. Il a été déterminant et continue à m’inspirer. À l’époque de mon Master 2 à l’IEP de Lyon, il était Directeur général adjoint de la ville de Lyon. Il est désormais Directeur général des services à la ville et à la métropole de Montpellier. Son approche, son humanité, sa vision du monde public local sont inspirantes.
Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?
Maxime Silvestre : Le savoir, c’est le pouvoir. C’est incroyable le nombre de discussions que j’ai parfois vues s’exacerber tout simplement à cause d’un manque de connaissance, d’un voire des deux participants. Parfois, informer, expliquer les raisons qui ont guidé telle ou telle décision ou règle ou état de fait permet d’apaiser et d’avancer.
Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?
Maxime Silvestre : Faire du vélo est devenu un vrai plaisir. Je le pratique à la fois comme moyen de déplacement et comme loisir.
Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?
Maxime Silvestre : Le premier changement, c’est la décision de quitter une carrière de fonctionnaire territorial toute tracée. J’imaginais gravir les grades. Cependant, changer de focal sans changer d’optique, contribuer à l’amélioration de la qualité des services publics locaux a démultiplié ma motivation. Il était indispensable pour moi de passer au statut d’observateur et d’accompagnateur des élus et des agents, en parallèle de leurs évolutions et non en étant à un endroit de la hiérarchie.
Le deuxième changement, c’est d’avoir bénéficié de formations dans le cadre d’un incubateur. Cela m’a permis de clarifier comment je souhaitais accompagner les différents acteurs des collectivités locales et mettre en cohérence mission, vision et valeurs avec le projet et les moyens de le mettre en œuvre.
Propos recueillis par Hugues Perinel