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Fin des ZFE : disparition d’un dispositif peu soutenu qui laisse la santé publique en suspens

Développement durable

La tempête médiatique autour des ZFE (Zones à faibles émissions de mobilité) aura eu le mérite de mettre en lumière les fragilités qui entourent ce dispositif. Mais plutôt que de les caricaturer, cet épisode  pu servir de levier pour les améliorer.

Depuis leur mise en place par les lois « LOM » et « Climat & Résilience », les ZFE (Zones à faibles émissions de mobilité) n’ont jamais bénéficié d’un réel soutien gouvernemental. Leur fin a été précipitée par une campagne de désinformation active, la suppression ou la baisse des dispositifs d’accompagnement nationaux et la montée de discours populistes nourris par un manque de clarté et de courage politique.
Le 17 juin 2025, la loi de simplification de la vie économique a été définitivement adoptée, confirmant la suppression des ZFE. Un paradoxe, alors même que la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avait affirmé quelques semaines plus tôt, lors du Roquelaure de la qualité de l’air, son soutien au dispositif et sa volonté d’en renforcer l’accompagnement.

Un outil nécessaire

L’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air regrette la fin d’un dispositif, certes perfectible (voir nos propositions), mais qui a pourtant fait ses preuves chez nos voisins européens et dans les métropoles et agglomérations françaises où il a été déployé. Mais, bien seules face à la fronde, les collectivités volontaires et ambitieuses n’ont pas pu défendre un dispositif essentiel pour améliorer l’air de nos villes, un outil nécessaire pour repenser nos mobilités du quotidien. Des améliorations étaient possibles et nécessaires, cet abandon est un recul majeur pour la santé publique et le droit de tous et toutes à la mobilité.
Face à une majorité divisée et peu soutenante, avec un ministre des Transports fermement opposé à la mesure, les ZFE avaient peu de défenseurs publics et peu d’alliés. Ni les élus locaux de collectivités engagées, ni les ONG investies pour la justice sociale et la santé n’auront réussi à faire entendre la nécessité de repenser le dispositif plutôt que de le supprimer, et nous ne pouvons que le regretter.

Une nouvelle directive européenne en 2030

Pourtant, une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air entrera en vigueur en 2030. Elle imposera des valeurs plus strictes à respecter. Or, aujourd’hui, près de 25 collectivités dépassent déjà ces futures valeurs. Sans les ZFE, ni politiques structurantes pour réduire l’usage des véhicules polluants, il sera très difficile d’atteindre ces objectifs.
Aux opposants d’hier, nous disons : vous serez attendus demain. En 2026, l’Alliance sera au rendez-vous pour défendre une mobilité juste pour toutes et tous dans tous les territoires. Les collectivités sont prêtes. Elles n’ont jamais cessé d’agir.

Cécile Cenatiempo, Présidente de l’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air* et Conseillère métropolitaine en charge de la qualité de l’air à Grenoble Alpes Métropole

* L’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air rassemble des collectivités engagées pour améliorer la qualité de l’air sur leurs territoires. Nous portons la voix des collectivités, échangeons les expériences, partageons les bonnes pratiques et confrontons les difficultés. Nous œuvrons pour faire de la qualité de l’air une priorité de santé publique. Découvrez nos missions.

Posté le 10/07/25 par Rédaction Weka