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IPA dans la fonction publique hospitalière : un métier en manque de reconnaissance salariale

Professionnels de santé

Depuis l'introduction des infirmiers en pratique avancée (IPA) dans le système de santé français, les représentants de la profession plaident pour une augmentation salariale ; revendication qui peine à se concrétiser et qui nuit à l'attractivité du métier. Le point avec Emmanuel Hardy, président de l'Union nationale des IPA (UNIPA).

Pourquoi l’UNIPA plaide-t-elle pour une hausse des salaires des IPA exerçant au sein de la Fonction publique hospitalière (FPH) ?

Nous avons mené une enquête afin d’identifier la différence de salaires entre un infirmier socle et un IPA. D’après nos données, elle est de 56 euros net seulement. La Fédération hospitalière de France (FHF) a quant à elle démontré que cette différence était de 38 euros. Les IPA sont insuffisamment payés en France, dans la Fonction publique hospitalière notamment, au regard des responsabilités qui sont les nôtres. Nous sommes titulaires d’un Master 2, nous détenons un droit de prescription ou encore d’initiation de molécules. De plus, nous avons certes bénéficié de la prime « Ségur » à la suite de la crise sanitaire, cependant nous ne percevons pas la nouvelle bonification indiciaire (NBI).

Ce défaut de valorisation financière a été pointé du doigt par la FHF mais aussi par la Cour des comptes, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), et plusieurs commissions parlementaires. Cette situation, que nous déplorons depuis la création des IPA, doit changer.

Que souhaitez-vous concrètement ?

Aujourd’hui, la rémunération d’un IPA en début d’échelon est d’environ 2 000 euros net. Nous voudrions qu’elle soit fixée à 3000 euros, avec une augmentation du point d’indice pour que cela impacte notre retraite. Au sein des pays de l’OCDE, les IPA perçoivent en moyenne entre 30 et 40 % de plus qu’un infirmier socle. De plus, la moyenne des salaires entre un infirmier à l’échelon 1 et un praticien hospitalier à l’échelon 1 est de 3 000 euros. Étant donné que nous sommes une profession intermédiaire, cela nous paraît pertinent de percevoir cette somme.

Par ailleurs, il faut savoir qu’au sein de la fonction publique territoriale et de la fonction publique d’État, les IPA ne disposent pas de grille indiciaire dédiée. L’argument des tutelles est de dire que nous ne sommes pas suffisamment nombreux pour qu’elles y travaillent. Mais c’est le serpent qui se mord la queue.

Cette situation joue-t-elle sur l’attractivité de la profession ?

90 % des IPA exercent à l’hôpital, mais les départs sont de plus en plus nombreux, soit pour des reconversions, soit au profit d’un exercice libéral. La fuite des IPA ne va donc faire que s’accroître s’il n’y a aucune revalorisation salariale. Ce serait une perte sèche pour les hôpitaux qui, bien souvent, financent les formations des IPA.

Vous plaidez également pour le respect de l’intégration directe des IPA dans la grille indiciaire dédiée, avec une prise en compte des services accomplis. Pouvez-vous expliquer ?

Les IPA disposent de statuts spécifiques, avec plusieurs modes d’intégration dans la grille indiciaire dédiée.

Les IPA qui étaient auparavant infirmiers socle en catégorie B intègrent la grille indiciaire IPA dans l’indice supérieur, à la suite d’un concours sur titre organisé par l’établissement hospitalier (article 3 du décret n° 2020-244 du 12 mars 2020 portant statut particulier du corps des auxiliaires médicaux exerçant en pratique avancée de la fonction publique hospitalière).

Pour les IPA qui étaient auparavant infirmiers en catégorie A, deux modes d’intégration sont possibles, au bon vouloir de la structure. L’article 7 du décret de mars 2020 prévoit un concours sur titres avec une intégration à l’indice supérieur, tandis que l’article 14 prévoit une intégration sans concours, avec une reprise des services publics effectifs.

Nous souhaitons que l’article 14 soit privilégié afin de mettre un terme au concours sur titres et ainsi sécuriser l’exercice et reconnaître le rôle des IPA. Nous estimons que la voie de l’intégration doit être démocratisée partout et dans son intégralité, avec la prise en compte des services accomplis en catégorie A.

Aujourd’hui, nous adressons l’ensemble de nos revendications au ministère de la Santé, à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et à la Direction générale de la fonction publique (DGFP) mais, en raison du contexte politique instable, il n’y a pas d’arbitrage. Nous appelons également la FHF à porter nos revendications auprès des directions des ressources humaines des structures hospitalières et des pouvoirs publics.

Propos recueillis par Laure Martin

Posté le 13/10/25 par Rédaction Weka