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Réenchanter le service public hospitalier

Fonction publique hospitalière

Tribune de Matthieu Girier, Directeur du pôle des Ressources humaines du CHU de Bordeaux, Président de l’association des DRH des établissements hospitaliers (adRHess).

Il est désormais assez convenu de clamer à tout va que le service public hospitalier est au fond du trou. Usé par la crise, broyé par des années de rationalisation et par des logiques de  réorganisation perpétuelle qui ne laissent pas le temps aux hospitaliers de métaboliser le changement, qu’une nouvelle réforme pointe déjà le bout de son nez.

Poser la question du bon modèle hospitalier, de la bonne allocation des moyens, de la juste participation de chacun à la construction des choix collectifs qui font l’hôpital de demain, implique cependant de s’interroger sur les raisons de cet état de fait.

Faut-il concevoir que la rationalisation des activités hospitalières, héritées d’une organisation du territoire datée que seule la tarification à l’activité, simple instrument de stratégie de financement, a commencé à rééquilibrer, est superflue dans un contexte où les mouvements interrégionaux se sont accentués après la crise Covid, emportant avec eux les besoins de santé des populations qui accélèrent leur départ de l’Est et de l’Île-de-France au profit des régions côtières ?

Faut-il estimer que l’explosion des coûts des traitements médicaux et des nouveaux matériels de plateaux techniques, portés par les nombreuses ruptures technologiques constatées depuis vingt ans, pourront être financées sans retenue et sans pilotage ?

Peut-on prendre séparément le sujet du financement de l’hôpital public de ceux de la dépendance, du handicap, ou plus largement de la police, de la justice, de la défense, dans un environnement contraint de finances publiques ?

Hôpital public au cœur de la crise, donc, mais surtout au cœur d’un choix à faire : quel doit être le rôle des établissements publics de santé dans un environnement changeant, quelle destinée doivent se donner au service des Français les équipes de soignants qui œuvrent chaque jour au lit des patients, en matière de spécialités, de degrés de recours, avec quelles modalités de prise en charge ? S’interroger sur les choix à faire collectivement, sur les chemins que nous devons prendre ensemble, sur ce à quoi il convient de renoncer et ce qui sera protégé à tout prix – recentrer les soignants sur le soin, œuvrer pour la transparence et l’objectivité des choix collectifs, simplifier les normes et les procédures qui polluent le quotidien des hospitaliers.

C’est à cette condition que nous parviendrons à composer le nouveau chant de l’hôpital public, celui qui donne aux professionnels de demain la possibilité d’apporter leur pierre à l’édifice, et à ceux d’aujourd’hui de croire que leur effort a un sens, celui du soin aux autres et de la solidarité entre tous.

Posté le 25/01/23 par Rédaction Weka