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Dématérialisation : des centaines d’associations veulent « un service public plus humain et ouvert »

Lutte contre les exclusions

Un large collectif d'associations, syndicats et collectivités dénonce dans un manifeste "certains impacts négatifs de la dématérialisation des services publics sur l'accès aux droits" et plaide pour l'« égalité d'accès au service public ».

Les quelques 300 signataires du document publié mardi 22 février 2022, d’Emmaüs France à la Ville de Poitiers en passant par la CGT ou le collectif d’agents publics Nos services publics, reconnaissent que « la dématérialisation des démarches administratives peut simplifier les démarches pour de nombreuses personnes ». Mais « elle peut aussi être une source majeure d’entrave à l’accès aux droits pour d’autres », alertent-ils dans leur manifeste intitulé « Pour un service public plus humain et ouvert à ses administrés ».

Une mise en garde qui fait écho au rapport de la Défenseure des Droits sur la dématérialisation des services publics, paru mi-février 2022. Dans ce document, Claire Hédon soulignait les « difficultés spécifiques » rencontrées par certaines franges de la population. « Ce sont les personnes vivant une grande précarité, allophones, âgées, en situation de handicap ou d’illettrisme, qui se trouvent entravées dans l’accès aux droits », détaillent les signataires du manifeste. « Le développement du numérique se substitue à l’accueil physique alors qu’il nécessite lui-même un accompagnement humain », regrettent-ils.

Le collectif, principalement composé d’organisations de défense des droits humains et de lutte contre la précarité, souligne également les conséquences de la dématérialisation pour les agents publics. « Derrière la modernisation du service public se dissimulent des suppressions de postes ou encore le développement de la privatisation et de la sous-traitance des services », écrivent-ils ainsi. En conséquence, « nos organisations appellent les pouvoirs publics à remettre le principe d’égalité d’accès au service public, au cœur de l’organisation des administrations. L’accueil physique ne saurait être réservé à celles et ceux ayant réussi à franchir le mur numérique. »

Au lendemain de la publication du rapport de la Défenseure des droits, la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin s’était engagée à doubler « inconditionnellement toute démarche numérique » d’un « accueil de proximité », via un espace France Services. Au nombre de 2 000 environ sur le territoire national, ces espaces permettent aux usagers d’être aidés par un conseiller dans la réalisation d’un certain nombre de démarches administratives. « Le développement de points d’accueil numérique, comme les bornes numériques ou les Maisons France Service, ne permet pas à lui seul de répondre aux besoins de toutes les personnes bloquées dans leurs démarches », déplore toutefois le collectif.

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Posté le 24/02/22 par Rédaction Weka