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Le gouvernement vise une « réduction durable » des bidonvilles « dans les cinq ans à venir »

Lutte contre les exclusions

Le gouvernement ambitionne une "réduction durable dans les cinq ans" du nombre de bidonvilles, dans lesquels 16 000 personnes, notamment roms, vivent dans des conditions indignes, selon une circulaire publiée mardi 30 janvier qui plaide pour une politique "à la fois humaine et exigeante".

L’instruction, signée le 25 janvier par huit ministres dont Gérard Collomb (Intérieur), Nicole Belloubet (Justice), Muriel Penicaud (Travail) et Jean-Michel Blanquer (Éducation), vise à « donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles », dont le nombre est estimé à « près de 570 » en France.

Le problème de ces bidonvilles est connu, avec leur cycle interminable d’évacuations/reconstitutions. Les gouvernements précédents s’y étaient déjà attelés, notamment avec une circulaire en 2012 prévoyant un accompagnement des familles lors des démantèlements.

Avec cette instruction aux préfets, le gouvernement veut « dépasser l’approche centrée sur les évacuations » et inscrire l’intervention « dans une dimension plus large » alliant notamment prévention et insertion.

Il est « essentiel » que, « le plus tôt possible » et « si possible dès l’implantation », une action « de repérage et diagnostic » soit conduite, ajoute la circulaire, qui demande une « affirmation de la présence de la puissance publique » sur ces campements.

Si cela ouvre la voie à une « sécurisation des conditions de vie » (ramassage des ordures, accès à l’eau notamment qui sont l’un des gros problèmes sur les bidonvilles), le texte prévoit aussi un « encadrement » de l’organisation du campement.

Les préfets sont donc invités à s’inspirer d’expériences locales qui ont pu « réduire significativement » le nombre de bidonvilles, voire « les résorber complètement ».

Sur cette question « complexe », l’approche « pertinente et efficace » est « celle de la lutte contre la grande précarité », souligne la circulaire, « ce qui exclut notamment une approche ciblée sur l’origine et la culture réelles ou supposées des personnes » – une grande partie sont roumaines ou bulgares.

Les préfets sont aussi appelés à une « vigilance particulière » quant à la « stigmatisation et à la discrimination » dont les habitants des bidonvilles sont victimes.

Pour tenir cette ligne « à la fois humaine et exigeante », le gouvernement demande d’agir sur tous les leviers de l’insertion : logement, formation, emploi, et surtout scolarisation des enfants qui constitue « un enjeu essentiel pour l’insertion des générations futures ».

Un « partenariat » entre « tous les acteurs concernés » sera nécessaire, rappelle le texte, qui évoque notamment régions, départements, collectivités locales, associations, bailleurs sociaux, ainsi que Pôle emploi.

Mais la circulaire appelle aussi à « des réponses différenciées » en fonction des situations individuelles, notamment en matière de droit au séjour – dans la lignée de la circulaire de 2012 – et elle appelle à une « coopération transnationale avec les pays d’origine ».

La circulaire demande aux préfets de lancer des travaux pour finaliser cette stratégie « dans le courant du premier semestre 2018 », et confie le suivi de sa mise en œuvre au Dihal (Délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement des sans abris et mal logés), Sylvain Matthieu.

Pour cela une enveloppe de 3 millions d’euros est mobilisable, ainsi que les crédits consacrés « à la prévention de l’exclusion et à l’insertion des personnes vulnérables », ajoute l’instruction.

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Posté le 31/01/18 par Rédaction Weka