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La HAS analyse les suicides en établissements en vue de les prévenir

Santé

La Haute Autorité de santé formule des préconisations à plusieurs niveaux pour réduire le nombre de suicides et tentatives de suicides en établissements de santé et médico-sociaux.

Hôpitaux, établissements médico-sociaux, médecine de ville. Tous les secteurs délivrant des soins sont concernés par la survenue de suicides et tentatives de suicides, rappelle avec insistance la Haute Autorité de santé (HAS). Aucun secteur n’échappe à ce risque, même si les services de psychiatrie sont les premiers déclarants de suicides et tentatives de suicide.

Générant un sentiment d’échec et de culpabilité chez les professionnels, la nature intentionnelle du geste conduit néanmoins souvent à considérer la prévention du risque de suicide comme quasi-impossible. « Pourtant le suicide est classé de façon universelle dans les morts évitables ou, tout du moins, partiellement évitables. Même si les meilleurs résultats obtenus par les programmes de prévention ne permettront jamais d’éviter tous les suicides, il est établi que la mise en œuvre d’un programme (ou projet) d’établissement, de moyens et de formations et une meilleure connaissance des contextes de survenue des suicides permettent de prévenir ces événements » soutient la HAS.

Le suicide ou la tentative de suicide d’un patient doit être considéré comme un événement sentinelle, poursuit la Haute Autorité. « À la fois grave et fréquent au sein des établissements sanitaires et médico-sociaux, il doit, lorsqu’il survient, faire l’objet d’une analyse approfondie par les équipes ».

À partir de l’analyse de 795 cas de suicides et tentatives de suicides, la HAS a donc publié, début septembre, un rapport sur ces évènements. En poursuivant quatre objectifs : identifier les circonstances et les causes de ces événements ; en tirer des enseignements ; proposer des préconisations afin de réduire leur survenue ; initier une communication sur ce sujet sensible.

Les trois causes profondes récurrentes identifiées par les équipes dans les déclarations de cas de suicides et tentatives de suicide sont le manque de sécurisation des locaux, l’absence d’évaluation du risque suicidaire et les défauts organisationnels. Pour y répondre, la HAS rappelle les préconisations qui s’appliquent à tous. À savoir :

  • Définir les objectifs de prévention du suicide au sein de l’établissement (projet ou programme d’établissement) ;
  • Sécuriser l’environnement en limitant, notamment, l’accès aux moyens possibles de suicide comme : les points de fixations et liens pour la pendaison ou la strangulation ; l’accès aux terrasses, escaliers et fenêtres ; les sacs plastiques et sacs poubelles pouvant servir d’objet de suffocation ; les médicaments, les objets coupants ou en verre cassable, les briquets et sèche-cheveux ;
  • Évaluer le risque de suicide du patient sur la base de facteurs multidimensionnels, comme les antécédents personnels (anciennes tentatives de suicides, addiction en phase de sevrage, dépression, troubles de la personnalité…) ou la survenue d’évènements négatifs (perte, conflits, problèmes financiers, dates anniversaires traumatiques, annonce d’un diagnostic ou de soins lourds…) ;
  • Évaluer la situation clinique du patient ;
  • Construire un plan personnalisé de sécurité quant à l’accès aux moyens de suicide et au parcours du patient dans l’immédiat et dans les jours à venir ;
  • Savoir gérer l’événement quand il survient (postvention) ;
  • Gérer la sortie d’hospitalisation d’un patient qui a fait une tentative de suicide avec, par exemple, le dispositif VigilanS ;
  • Penser aux secondes victimes, les soignants, en les formant, les informant, les accompagnant ;
  • Améliorer la culture sécurité, notamment par l’utilisation du guide d’évaluation du risque de suicide ou la déclaration des cas ;
  • Rappeler les droits des personnes malades et en fin de vie.

La HAS décline ensuite ces préconisations par secteur d’activité, de façon plus spécifique. Sont concernés : les établissements de santé mentale, avec des préconisations particulières pour les soins sans consentement et le recours à la chambre d’isolement ; les établissements Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et ceux de Soins de suite et de réadaptation (SSR) ; les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

En synthèse de ces préconisations, la HAS diffuse quatre messages-clés, via un Flash Sécurité Patient consacré à cette thématique. Au programme :

  • Penser à repérer systématiquement le risque suicidaire ;
  • Penser à repérer les troubles de l’humeur ;
  • Penser à informer sur les dispositifs de soutien existants (exemples : VigilanS, SOS Amitié France, le 31 14 – numéro national de prévention du suicide…) ;
  • Ne pas négliger la postvention (la gestion de l’événement quand il survient).

L’intégralité du rapport et le « Flash sécurité patient » relatifs au suicide sont à retrouver sur le site de la HAS : www.has-sante.fr.

Posté le 07/10/22 par Rédaction Weka