Menu

Dans les Yvelines, sensibiliser sur grand écran au harcèlement scolaire

Éducation

Entre le grand écran et la vraie vie, il n'y a qu'un pas : c'est le constat de plusieurs lycéens des Yvelines qui ont fait leur rentrée devant un film sur le harcèlement scolaire, avant des échanges avec des acteurs du monde judiciaire.

« Je me rends compte que peut-être une personne du collège subissait ça mais je ne m’en rendais pas compte, et là ça m’a ouvert les yeux », souffle Avé, 16 ans, à la sortie de cette fiction québécoise, « 1:54 », qui raconte le harcèlement homophobe d’un adolescent.

Après la séance, lundi 22 avril 2024, les lumières de la vaste et belle salle lambrissée du cinéma de La-Celle-Saint-Cloud se rallument pour permettre aux lycéens d’échanger avec plusieurs acteurs du monde de la justice, invités pour cette première édition du festival du film judiciaire du département.

« L’idée de cet événement est de trouver un moyen pour accrocher les jeunes, parler d’un sujet grave et échanger avec eux », explique à l’AFP Bertrand Menay, président du tribunal judiciaire de Versailles et du Conseil départemental d’accès au droit, à l’origine du festival. Le thème trouve un écho particulier dans les Yvelines, où Nicolas, un adolescent de Poissy, a mis fin à ses jours en septembre après avoir été victime de harcèlement. Le drame avait provoqué l’émoi à travers toute la France, conduisant le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Gabriel Attal, à annoncer un plan interministériel sur le sujet.

En France, selon les résultats d’une grande enquête rendus publics mi-février par la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, en moyenne, plus d’un élève par classe est victime de harcèlement scolaire.

« Entrée dans la citoyenneté »

« Je ne savais pas que le harcèlement, ça pouvait aller aussi loin et je trouve ça super qu’on puisse interroger les personnes présentes aujourd’hui », confie Imen, 15 ans, à la sortie du film. La lycéenne aurait néanmoins « aimé voir plus de justice à l’écran, voir comment ça se passe de l’intérieur, comment ils prennent en compte chaque cas ».

Voir ce film est une « chouette expérience, surtout avec cette intervention après, qui complète et explique ce qu’on a vu », témoigne Constantin, un lycéen de 15 ans qui n’avait jamais rencontré auparavant des figures du monde judiciaire.

Cette émotion et les nombreuses questions des élèves font de cette séance un succès, juge Chantal Arens, première présidente honoraire de la Cour de cassation, invitée pour échanger avec les jeunes. « J’ai été étonnée par la qualité des questions posées et leur pertinence, » relate-t-elle à l’AFP. « Pour moi, c’est une grande entrée dans la citoyenneté, peut-être leur première approche de la justice avec des visages humains. »

À la sortie pourtant, tous ne sont pas unanimes : Gonzague, 16 ans, regrette par exemple que « dans le film, ils ne montrent pas assez comment (les institutions comme la justice) pourraient t’aider après ». L’occasion pour les différents professionnels présents de rappeler que, contrairement au héros du film, dont la fin funeste signe aussi l’échec des adultes qui l’entourent, « tous les adultes travaillent à votre protection », insiste Valérie Servissolle, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale. Les adolescents aussi, souligne-t-elle, peuvent jouer un rôle crucial : « Ceux qui sont témoins peuvent dire stop ».

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2024

Posté le 24/04/24 par Rédaction Weka