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La Cour des comptes épingle la gestion de Garges-lès-Gonesse, ville pauvre au train dispendieux

Finances locales

Versement de primes indues, absentéisme record parmi les agents, dépenses inconsidérées : la Chambre régionale des comptes (CRC) d'Île-de-France épingle la gestion de la ville de Garges-les-Gonesse, commune pauvre du Val-d'Oise dirigée par le maire LR Maurice Lefèvre depuis 2004.

Dans son rapport publié lundi 1er février, la CRC relève que cette commune de banlieue de 41 000 habitants fait face à une « forte augmentation des charges de gestion », qui trouve son origine « aussi bien dans la progression des charges de personnel (…) que dans la hausse très rapide des charges à caractère général ». En conséquence, sa capacité d’autofinancement a fondu en deux ans, passant de 12,6 millions en 2012 à 5,4 millions en 2014.

Et ce, alors que les diverses dotations de péréquation (destinées à compenser les inégalités de richesse entre les collectivités) dont elle bénéficie ont augmenté dans le même temps.

Dès lors, pour assurer le financement de dépenses d’équipement restées à un « niveau élevé », la commune a dû recourir à l’emprunt, ce qui a creusé sa dette (passée de 27 millions en 2009 à 35,2 millions à fin 2014).

La Cour a relevé de « nombreuses insuffisances » dans la gestion du personnel qui se manifestent notamment par de « fréquentes irrégularités », notamment en matière de versement d’indemnités à certains agents, de recrutement d’agents non titulaires ou un détournement des heures supplémentaires, dont la rémunération « s’apparente en réalité à un abondement indemnitaire » pour un certain nombre d’agents.

« Contrôle défaillant des carrières et des paies », « agents non titulaires en forte hausse », temps de travail inférieur à la norme, logements de fonction « situés, de manière paradoxale, hors de son territoire », utilisation des véhicules de service à des fins personnelles, associations subventionnées à fonds perdus, etc : la liste des griefs établis par la CRC est longue.

Pour expliquer cette gestion défaillante, la Chambre régionale pointe du doigt un « turnover » très rapide au sein de la direction des ressources humaines de la ville (trois DRH depuis 2009). Signe d’un véritable « mal-être » au travail, l’absentéisme a explosé (hausse de 60 % des congés longue maladie et maladies professionnelles et de 34 % des accidents de travail et de trajet).

Le 7 novembre, le directeur financier de la ville, en arrêt maladie pour épuisement professionnel, avait tenté de mettre fin à ses jours dans son bureau. Il a déposé plainte contre le maire pour harcèlement.

Dans un courrier adressé à la CRC, dont l’AFP a obtenu copie, un ancien élu relève qu’« avec un budget de 50 millions d’euros en fonctionnement, la ville de Garges a la réputation, comme le maire aime le déclarer, d’être parmi les plus pauvres de France. Pourtant, la commission n’aura pas de mal à détecter le train de vie d’une commune riche dans lequel un système mafieux s’est installé ces dernières années ».

Garges, c’est « Levallois-Perret bis », a déclaré un ancien cadre à l’AFP, qui appelle à une mise sous tutelle de la ville par la préfecture du Val-d’Oise. Il dénonce des « marchés publics pipés » et des « dépenses somptuaires », notamment à l’occasion de fêtes organisées pour les retraités, les sportifs ou les « personnalités » qui mobilisent beaucoup de personnel et de gros moyens audiovisuels.

Pour ses vœux du Nouvel an, le maire avait fait enregistrer une chanson célébrant le vivre-ensemble, intitulée « Garges, le single ».

L’édile, qui a « pris acte » du rapport, devra, dans un délai d’un an, rendre compte des actions menées pour corriger les dysfonctionnements relevés par la CRC.

 

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Posté le 02/02/16 par Rédaction Weka