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Souffrance au travail : lancement d’un observatoire pour les praticiens hospitaliers

Santé et sécurité au travail

L'organisation Action praticiens hôpital (APH), qui regroupe une dizaine de syndicats, a lancé le 6 décembre son observatoire de la souffrance au travail, soucieuse de mieux repérer et aider les professionnels touchés, dans un contexte de "dégradation des conditions de travail" à l'hôpital.

À travers un questionnaire détaillé accessible en ligne, l’organisation veut définir les raisons du mal être de certains praticiens (médecins, dentistes, pharmaciens) et dresser une « cartographie régionale et nationale de situations » jugées « indésirables et évitables ».

« Les conditions de travail se dégradent », a redit lors d’un point presse Nicole Smolski, présidente d’honneur d’APH, s’estimant de « plus en plus » sollicitée sur des « situations dramatiques ».

« Certaines disciplines sont particulièrement touchées », a ajouté Jacques Trévidic, président d’APH, citant les « urgentistes, les anesthésistes, les biologistes » ou les « psychiatres ».

Sans compter les « chirurgiens qui aux yeux des directions ne sont pas assez rentables », a abondé Mme Smolski. « Dans certains établissements, on n’est plus loin de ce qui se passe à Lidl ou Amazon », a-t-elle raillé.

En cause, la « tarification à l’activité » (T2A), mode de financement des hôpitaux controversé que veut revoir le gouvernement, les « pressions managériales » de plus en plus fortes de « l’hôpital entreprise », ou encore les restructurations liées au groupements hospitaliers de territoire.

L’outil développé par APH s’appuie sur l’observatoire déjà mis en place fin 2009 par le syndicat d’anesthésistes SNPHAR-E mais vise un public plus large, APH étant constitué de deux intersyndicales (Avenir Hospitalier et CPH) regroupant 14 syndicats et organisations.

Selon les données récoltées entre 2010 et 2015 (200 appels), « 90 % des causes de la souffrance déclarée ont pour point commun des conflits avec la hiérarchie, médicale ou administrative », la surcharge de travail étant « fréquente mais pas systématique ».

Les médecins du travail s’avèrent insuffisants, d’autant que les médecins ont tendance à « s’automédiquer », a expliqué Mme Smolski.

Interrogé sur le plan de lutte contre la souffrance des soignants du précédent gouvernement, elle s’est félicitée de voir la mission de médiation confiée à l’ancien directeur des hôpitaux Édouard Couty « reconduite ». Mais il est « débordé » par une vingtaine de dossiers à traiter.

Et l’intérêt porté par les directions à la « qualité de vie au travail » s’apparente souvent à « des gadgets », selon APH, qui réclame une représentation officielle des syndicats de praticiens aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des hôpitaux.

L’observatoire de l’APH « n’est pas une cellule d’écoute téléphonique permanente et/ou de soutien psychologique à l’image de celle promue par l’association Soins aux professionnels de santé qui a pour objectif d’organiser une prise en charge thérapeutique », a précisé l’organisation.

Lors d’un point presse mercredi 5 décembre, l’association SPS a réclamé une implication financière pérenne des pouvoirs publics pour aider tous les soignants en souffrance, et  pas seulement les médecins.

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Posté le 11/12/17 par Rédaction Weka