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Action publique : pas de coproduction possible sans collaboration

Administration

Le dernier livre blanc du Cercle des acteurs territoriaux, consacré à la coproduction de l'action publique, appelle à un changement de posture sur le sujet. Il formule plusieurs pistes de réflexion et d'action.

Composé essentiellement de fonctionnaires des trois fonctions publiques, le Cercle des acteurs territoriaux (CAT), fondé et animé par Hugues Perinel, a publié fin avril, un nouveau livre blanc intitulé « Coproduction de l’action publique : commençons par nos organisations ». Selon le think tank, cette coproduction passe forcément par un apprentissage de la collaboration qui doit exister « à l’intérieur même de nos organisations, entre managers, avec nos propres agents et tout particulièrement les plus éloignés des centres de décisions ». Une collaboration « qui exige un changement de posture », insiste le CAT. Il plaide pour « démocratiser les administrations », afin de produire « les politiques publiques qu’elles doivent faire, plutôt que celles qu’elles savent faire ».
Autre constat dressé par le livre blanc : la nécessité d’une réelle volonté politique qui, doit devenir le projet de l’organisation et non pas un projet parmi d’autres.

Ne pas confondre collaboration et coopération

Les mots coopération et collaboration, souvent utilisés comme des synonymes, ne le sont pas en réalité. La collaboration fait appel à la responsabilité de chacun, au lien, à la confiance réciproque et à l’objectif commun alors que la coopération, reposant sur la distribution des tâches et des responsabilités, constitue le moyen et la technique pour atteindre ensemble un objectif. Après avoir posé ces éléments de définition, le Cercle estime qu’il n’y pas de coopération possible sans collaboration. À l’appui, il cite le Carrefour RH : « Le succès de la collaboration repose sur les relations interpersonnelles et, de façon plus précise, sur notre capacité à gérer nos relations professionnelles, alors que le succès de la coopération s’appuie davantage sur l’efficacité des processus de travail ».

Points de vigilance

« Collaborer pour coproduire c’est changer de posture ». Le CAT plaide ainsi pour parvenir à « des compromis transformateurs », y compris pour ceux qui les rejettent au nom de la nécessité de ruptures radicales. Cela commence par une indispensable transformation managériale, précise-t-il.
Parmi ses points de vigilance, il estime que la coproduction de l’action publique ne peut intervenir que dans le cadre précis de l’espace public et démocratique dont les élus sont les garants et l’administration les gardiens. « S’il faut que la puissance publique ne fléchisse pas sur ses objectifs clairement affirmés et assumés, elle doit apprendre la modestie et l’humilité dans sa posture », tient à affirmer le Cercle.
Rappelant que l’administration au sens large ne détient pas le monopole de la compréhension, du diagnostic et des solutions, il défend le « faire avec et le faire ensemble » pour lui permettre « d’enclencher une adhésion durable, sincère et globale ».

Pas de « solution unique »

Néanmoins, le Cercle des acteurs territoriaux souligne que la coproduction ne peut pas régler l’ensemble des services fournis par les pouvoirs publics, par essence très divers. Bref, il n’existe pas de « solution unique » ! Et d’appeler au pragmatisme en tenant compte des différences liées aux tailles des organisations sans vouloir reproduire ou extrapoler des expériences réussies à une autre échelle. Pragmatisme encore en évaluant le réel niveau de coproduction préexistant au sein des organisations et son degré d’appropriation.

Philippe Pottiée-Sperry

Posté le 06/05/24 par Rédaction Weka