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Open data : les collectivités sont les principales utilisatrices de leurs propres données

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Jeux de données publiés, réutilisation des informations ainsi mises à disposition, thématiques les plus souvent concernées... L'observatoire Data Publica et Opendatasoft se sont interrogés sur les pratiques des collectivités en matière d'ouverture des données publiques.

Bien que la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique le leur impose, seules 16 % des collectivités de plus de 3 500 habitants et employant au moins 50 agents ou salariés rendent leurs données publiques accessibles, selon une étude de l’observatoire Data Publica, en partenariat avec Opendatasoft ; 868 collectivités soumises à cette obligation légale par défaut s’y plient, dont 147 sur un « portail open data » (une plateforme dédiée, clairement identifiée). Les autres collectivités publient leurs données sur des portails mutualisés, dont data.gouv.fr, ou limités à l’information géographique (« géoportails »). L’étude se focalise sur les 80 % de collectivités qui publient leurs données grâce à la solution Opendatasoft, soit 16 802 jeux de données (JDD) accessibles fin 2023.

Chaque portail open data publie en moyenne 138 JDD, avec des différences notables liées à la taille de la collectivité. Les JDD proviennent de trois sources différentes : ils peuvent être publiés par la collectivité ou ses partenaires, ou encore « moissonnés », c’est-à-dire récupérés sur un autre portail. Ainsi, bien que les jeux de données produits par les collectivités soient majoritaires, ils sont de plus en plus souvent récupérés par les intercos et les régions, pour afficher l’ensemble des données d’un territoire sur une plate-forme unique. Les liens relatifs au territoire peuvent aussi être automatisés entre collectivités, pour alimenter les portails des strates inférieures.

Les collectivités ouvrent en majorité des données géographiques. Cela s’explique parce qu’elles ont souvent, depuis longtemps, un système d’information géographique (SIG), ce qui leur confère des habitudes et une expertise dans la production de données standardisées et ouvertes. Elles publient également en open data des données chiffrées, comme le budget ou le résultat des élections, des données textuelles (délibérations…), des schémas et des plans (urbanisme…).

Réutilisation des données

Le but de l’open data est de permettre à quiconque de réutiliser des données pour construire des applications et des services. Mais il se heurte au manque d’homogénéité des données ouvertes et à des difficultés d’interopérabilité. L’association OpenDataFrance a donc engagé, en 2017, une réflexion sur la standardisation des données jugées les plus essentielles, avec la démarche OpenDataLocale qui a conduit à créer un « socle commun des données locales » (SCDL). Ce standard identifie une dizaine de JDD prioritaires qui doivent suivre un formalisme identique : aménagements cyclables, base adresse locale, budget, menus de la restauration collective, délibérations, prénom des nouveau-nés… Ce standard SCDL est toutefois très peu utilisé : seulement 1,5 % des JDD des collectivités s’y conforment.

La réutilisation est essentiellement le fait des collectivités, qui créent de nombreuses « datavisualisations », cartes interactives, graphiques et outils d’analyse, à partir des données qu’elles ouvrent et mettent en ligne, principalement sur la mobilité, le tourisme et la citoyenneté. Les JDD servent ainsi à produire des cartes (points de comptage des véhicules, circuits de randonnées à vélo, tracés des pistes cyclables, emplacement des éléments de patrimoines remarquables…) ou des applications : places de stationnement libres, localisation de parkings, de transports en commun…

Les données les plus souvent téléchargées de façon anonyme – c’est le principe de l’open data — ou par des partenaires, concernent la mobilité. Elles sont la base d’applications sur l’état du trafic ou la disponibilité des parkings en temps réel et alimentent notamment les applications CityMapper ou Transit (à Lyon, par exemple).

L’étude montre aussi que 90 portails de collectivités « moissonnent » 22 portails d’administrations nationales : ministères, Insee, Autorité de régulation des télécoms, Ademe, IGN… En particulier, les informations sur la commande publique du ministère de l’Économie et des finances, l’annuaire de l’éducation publié par le ministère de l’Éducation nationale ou encore la liste des immeubles protégés au titre des monuments historiques, provenant du ministère de la Culture sont récupérés automatiquement.

Marie Gasnier

Posté le 07/05/24 par Rédaction Weka