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Sobriété : il faut des contrôles pour être efficace contre la pollution lumineuse

Développement durable

Le décret de sobriété énergétique attendu avant la fin de l'été pour interdire uniformément au niveau national les publicités lumineuses la nuit doit être accompagné d'un véritable plan de contrôle pour être efficace, estime Anne-Marie Ducroux, porte-parole de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN).

Qu’est-ce que la pollution lumineuse ?

Ce sont tous les impacts négatifs (…) de la lumière artificielle, rompant le rythme naturel d’alternance du jour et de la nuit. En 20 ans, entre 1992 et 2012, la quantité de lumière émise la nuit a augmenté en France de 94 % par le seul éclairage public, auquel devraient être ajoutées les émissions de toutes les autres sources lumineuses. C’est considérable ! La pollution lumineuse est liée aussi aux spécificités de ces lumières : orientation, puissance, température…

Lorsque nous avons lancé l’alerte, la pollution lumineuse n’intéressait personne. Ses enjeux sont considérés aujourd’hui comme un enjeu important et de bon sens. Nous l’avons fait inscrire dans quatre lois et plusieurs réglementations – dont le décret de janvier 2012 sur les publicités et enseignes lumineuses et l‘arrêté de décembre 2018 sur d’autres sources lumineuses extérieures.

Qu’est-ce que vous attendez concrètement de ce plan de sobriété énergétique ?

Nous portons la demande de sobriété lumineuse depuis des années. Jusque-là, le Gouvernement et de nombreux acteurs préféraient systématiquement « l’efficacité énergétique », c’est-à-dire optimiser l’existant, sans changer les sources de lumière et encore moins les comportements.

Concernant le projet de décret sur la publicité lumineuse promis par le ministère de la Transition énergétique d’ici à « la fin de l’été », si le Gouvernement vise de réels progrès, nous y sommes bien sûr favorables. Néanmoins, l’extinction de 1h à 6h du matin qui est prévue figure déjà dans un texte depuis dix ans ! Pour aller plus loin, la ministre devrait par exemple élargir fortement la durée d’extinction. De plus, une réglementation seule ne garantira pas des résultats effectifs. Pour un réel impact, un véritable plan de contrôle et une mise à disposition publique des informations sur les suivis effectués et les sanctions appliquées sont nécessaires.

Il faut un signal politique fort des collectivités et de l’État pour attester que c’est un enjeu sérieux et de surcroît qu’il y a beaucoup à gagner, en réduction de pollution lumineuse, en consommation énergétique et en dépenses budgétaires évitées.

Quels bénéfices pourront en retirer les communes et leurs habitants ?

La publicité et les enseignes lumineuses ne pèsent pas le même poids en kWh consommés et en pollution lumineuse émise que l’éclairage public, mais tous les acteurs ont un intérêt immédiat et concret à agir. Les communes qui réduisent la durée d’éclairement en milieu de nuit, par exemple de 0 à 5h ou de 23 à 6h réalisent de très fortes économies, de 25 à 75 % sur leur facture annuelle d’électricité ! Tout ce qui est économisé sur des éclairages surabondants, inutiles, peut être alloué à de vrais besoins des habitants.

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Posté le 24/08/22 par Rédaction Weka