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L’Arcep et l’Ademe alertent sur la croissance de l’empreinte carbone du numérique

Développement durable

Sans action spécifique pour l'enrayer, l'empreinte carbone du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050, selon un rapport Arcep-Ademe qui préconise de combiner sobriété numérique et écoconception. Mais aussi de s'interroger sur la réduction de nouveaux produits et services.

Le 6 mars 2023, l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) et l’Ademe ont remis le troisième volet d’une étude sur l’évaluation prospective de l’impact environnemental du numérique en France, à horizon 2030 et 2050. Le rapport envisage différents scénarios prospectifs pour viser la neutralité carbone : tous impliquent des changements de société importants. Car, si rien n’est fait pour réduire l’impact environnemental du numérique, son empreinte carbone pourrait augmenter d’environ 45 % en 2030 par rapport à 2020 et tripler en 2050. Ce, si aucune mesure n’est prise et si les usages continuent de progresser au rythme actuel : trafic de données multiplié par six et accroissement du nombre d’équipements de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés. Quant à la consommation électrique, elle augmenterait d’environ 80 %.

L’étude compare un scénario tendanciel, élaboré à partir de différents rapports (Sénat, Commission européenne…), à plusieurs scénarios alternatifs.

Le scénario tendanciel part des hypothèses suivantes : substitution progressive de la fibre optique au réseau de cuivre d’ici 2030 (ce qui est valable pour l’ensemble des scénarios), poursuite du déploiement des réseaux mobiles avec la 5G, progression d’environ 10 % entre 2020 et 2030 de la  surface occupée par les centres de données. Sur les réseaux, les consommations électriques unitaires sont constantes. Du fait de la densification des centres de données, leur consommation électrique augmente d’environ 15 % entre 2020 et 2030. Enfin, la croissance du trafic internet, estimée à partir des projections de l’Agence internationale de l’énergie, s’élèverait à environ 20 % par an, soit une multiplication par six du trafic entre 2020 et 2030.

Le rapport analyse notamment un scénario intitulé « coopérations territoriales » dans lequel la société se transforme, par une gouvernance partagée et des coopérations territoriales réunissant organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile. Cela passe par un maillage territorial des équipements et une décentralisation des centres de données qui permettent de diminuer les temps d’accès et l’énergie nécessaire aux transferts de données. Les objets connectés sont utilisés principalement pour réaliser des économies d’énergie, y compris dans les habitations, et fluidifier les services publics. Ce modèle pourrait entraîner diverses conséquences. Le parc d’équipements (terminaux, réseaux, centres de données) évoluerait vers un niveau proche de celui de 2020, sauf pour les objets connectés qui seraient multipliés par trois. Les fabricants généralisant l’écoconception, la consommation électrique des terminaux, réseaux et centres de données serait divisée par deux et la durée de vie des équipements serait prolongée en moyenne d’un an par rapport à 2020. La superficie des centres de données augmenterait d’environ 50 % par rapport à 2020. Mais le trafic de données serait réduit, en croissance d’un peu plus de 15 % par an, contre 20 % par an pour le scénario tendanciel.

Il ressort de l’étude que le premier levier pour limiter l’impact du numérique serait d’adopter des politiques de sobriété numérique, en s’interrogeant au préalable « sur l’ampleur du développement des nouveaux produits ou services et une réduction ou une stabilisation du nombre d’équipements ». Avec un axe de travail majeur : l’allongement de la durée de vie des terminaux (écoconception, reconditionnement, réparation, sensibilisation des consommateurs). L’écoconception devrait également couvrir l’ensemble des réseaux, centres de données et services numériques. Objectifs : limiter le trafic nécessaire à service équivalent et améliorer l’efficacité énergétique.

Marie Gasnier

En 2020, la consommation annuelle de biens et services numériques représentait 2,5 % de l’empreinte carbone nationale, avec 79 % pour les terminaux, 16 % pour les centres de données et 5 % pour les réseaux. La part relative des terminaux et des centres de données se retrouve dans chaque scénario de l’étude.

Posté le 16/03/23 par Rédaction Weka