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Les trajectoires professionnelles des contractuels de la fonction publique de l’État

Fonction publique

Une récente étude du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques dessine cinq portraits types des contractuels exerçant dans la fonction publique de l’État.

La Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques a récemment publié une étude dans laquelle elle explore les liens entre statuts d’emploi et conditions de travail pour les contractuels de la fonction publique de l’État (Études, recherche et débats, mars 2023). Les différents statuts non permanents de la fonction publique présentent les mêmes fragilités que dans le privé (imprévisibilité et limites des renouvellements, cumul d’employeurs et dépendance à leur égard), mais pas les mêmes contreparties qu’en entreprise (pas de prime de précarité, rigidité de la rémunération).

Comment les agents contractuels perçoivent-ils leur situation d’emploi ? Quelles en sont les conséquences en termes relationnels et dans les conditions de travail plus largement ? Comment l’expérience de l’emploi contractuel dans la fonction publique s’inscrit-elle dans leurs parcours professionnels ? Pour répondre à ces questions, la DGAFP a réalisé 33 entretiens avec des contractuels de la fonction publique de l’État (FPE). Leur analyse conduit, notamment, à établir une typologie des trajectoires dans l’emploi contractuel du public. L’étude dessine ainsi cinq portraits types.

L’emploi contractuel d’insertion

Dans plus d’un tiers des cas, l’emploi contractuel dans la FPE intervient au cours de la période d’insertion professionnelle. Dans ce premier ensemble, l’étude distingue les situations où l’emploi contractuel peut être assimilé à un « job alimentaire », sans lien avec les aspirations professionnelles des personnes concernées, de celles où il se prépare à un métier, dans la fonction publique ou dans le secteur privé.

Dans le premier cas, l’emploi contractuel dans la fonction publique de l’État offre le support d’une insertion sociale et économique, sans toutefois influencer l’orientation professionnelle. Il représente une opportunité de revenus et peut être valorisé pour sa flexibilité et le temps qu’il permet de consacrer à son projet professionnel. Job étudiant parfois, il demeure perçu par les enquêtés principalement comme un « job alimentaire ». L’emploi d’assistant d’éducation (AED) paraît l’archétype de cette forme d’emploi contractuel d’insertion.

Dans le second cas, le métier exercé dans le cadre de l’emploi contractuel est celui auquel s’identifient les enquêtées (ce sont très majoritairement des femmes). Il est parfois précédé d’autres emplois. Et le souhait d’exercer durablement ce métier dans la fonction publique n’est que rarement exprimé dans les entretiens, observent les auteurs de l’étude. L’emploi contractuel apparaît comme une façon d’exercer (ou d’apprendre) un métier qui pourrait être exercé dans une autre configuration d’emploi.

L’emploi contractuel dans la fonction publique en début de vie professionnelle s’inscrit donc de façon variable dans les trajectoires d’emploi. Tantôt étape d’installation dans la carrière, tantôt support pour s’investir dans ses études ou dans une activité entrepreneuriale, il apparaît à d’autres comme une première séquence (déjà révolue) de la trajectoire professionnelle. Il constitue pour beaucoup une parenthèse, certes plus ou moins longue et plus ou moins significative, dans leurs parcours, résume l’étude.

L’emploi contractuel de reconversion

Certaines trajectoires d’emploi sont marquées par une bifurcation du secteur privé vers la fonction publique en cours de carrière. L’origine de cette bifurcation détermine très largement l’expérience subjective de l’emploi contractuel. Là encore, les auteurs de l’étude distinguent deux configurations.

Dans la majorité des cas, l’emploi contractuel apparaît comme une véritable reconversion professionnelle, au sens où l’accès à l’emploi public correspond aussi à un changement de métier, après une période plus ou moins longue de chômage et/ou d’inactivité. Dans un  autre cas, l’emploi contractuel correspond à un choix délibéré d’exercer son métier dans la fonction publique après l’avoir exercé dans le secteur privé.

Ces contractuels aspirent à se maintenir dans la fonction publique, par la voie du concours ou par le biais d’un CDI, ce qui traduit un ancrage fort dans l’emploi public, malgré (ou à cause) de leurs expériences passées dans le privé. « Autrement dit, si la reconversion vers l’emploi public est souvent contrainte, elle est aussi, après quelques années, une authentique conversion au service public, les enquêtés y manifestant leur attachement dans le cours des entretiens », commentent les auteurs de l’étude.

L’emploi contractuel de transition

À l’inverse, cet attachement à la fonction publique n’est absolument pas exprimé par celles et ceux pour qui l’emploi contractuel représente un emploi de transition entre deux autres emplois, hors fonction publique. On observe, dans ces cas des trajectoires qui se jouent des frontières entre statuts d’emploi, des trajectoires faites d’allers‑retours fréquents entre le public et le privé. La fluidité de ces mouvements n’est que très relative, puisque des périodes de chômage ou d’inactivité ponctuent fréquemment le parcours.

Ce sont des trajectoires d’emploi complexes, voire chaotiques, marquant des situations parfois très précaires : le nombre de contrats de courte durée, très souvent à temps partiel, est nettement plus élevé que dans les autres configurations identifiées dans l’analyse. Les emplois occupés sont soit peu qualifiés, soit sous-qualifiés au regard des niveaux de formation. Ces cas illustrent un phénomène plus général : les contractuels sont plus souvent positionnés sur des emplois hiérarchiquement moins élevés que les fonctionnaires. Surtout, à niveau de catégorie hiérarchique comparable, les contractuels sont généralement plus diplômés que les fonctionnaires ; ils ont plus fréquemment un niveau de diplôme nettement supérieur à celui requis pour occuper le poste.

S’il peut être qualifié « de transition », l’emploi contractuel représente souvent l’expérience d’emploi la plus longue dans les trajectoires de ces enquêtés. Elle est toutefois nettement plus réduite que dans les autres trajectoires analysées : ils ont passé en moyenne 4 ans dans la FPE, contre 7 ans et 9 mois pour l’ensemble des enquêtés. Par ailleurs, l’emploi contractuel ne représente pas, rétrospectivement, une étape significative de leurs parcours professionnels.

L’emploi contractuel de carrière

L’emploi contractuel de la fonction publique de l’État peut être le support d’une carrière durable, voire représenter un statut pérenne. L’analyse des carrières des cotisants à l’Ircantec (Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques) fait apparaître qu’environ un tiers des contractuels de la génération née en 1953 ont fait la majorité de leur carrière comme contractuels, rapporte ainsi l’étude.

La majeure partie est constituée de femmes exerçant leur activité à temps partiel. Parmi les enquêtés, la DGAFP a dénombré huit trajectoires de ce type. L’expérience de l’emploi contractuel est alors, fort logiquement, plus longue que pour l’ensemble des enquêtés : 11 ans et 9 mois en moyenne, contre 7 ans et 9 mois pour l’ensemble des enquêtés. « Mais plus que la durée effective de l’emploi contractuel, c’est une expérience subjective particulière de cette forme d’emploi qui distingue ce type de trajectoire des quatre autres. Les enquêtés manifestent en effet une forme d’acceptation contrainte de l’emploi contractuel, celui-ci apparaissant, pour la majorité des cas, comme la forme normale, parce que sans autre alternative, d’exercer son métier », constatent les auteurs de l’étude.

Les emplois contractuels dans l’armée paraissent particulièrement exemplaires de ce type de trajectoire.

L’emploi contractuel comme opportunité de cumul emploi-retraite

Cette dernière forme de trajectoire dans l’emploi contractuel est très marginale, pointe la DGAFP. Elle correspond à un accès tardif, à la retraite, à cette forme d’emploi, dans le cadre d’un cumul emploi-retraite.

Posté le 25/05/23 par Rédaction Weka