Portraits d'acteurs

Anne Antoine

Anne Antoine

DGS de Le Versoud et présidente départementale Isère du SNDGCT

« En vingt ans d'exercice sur la commune, j'ai vu le territoire se transformer à la faveur des projets municipaux, les services s'étoffer. Je prends part activement à la réalisation d'un projet commun et j'aime ce sentiment de construire et de voir se construire la ville. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Anne Antoine : Mon parcours est marqué par une grande longévité. Tout juste lauréate du concours d'attaché territoriale, je prends les fonctions de DGS de la commune du Versoud en août 2001 et je suis toujours en poste. Le premier mandat est le mandat de la découverte : bien que titulaire d'un DEA en Administration publique, je crois que je n'avais jamais vu une délibération, ni un arrêté. J'ai souhaité faire un second mandat avec le maire qui m'avait recrutée – certainement pour lui prouver / me prouver que j'étais plus efficace. Finalement au grès de projets, des changements d'équipe, je ne suis jamais lassée et je suis toujours en poste.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Anne Antoine : Abnégation, engagement, ténacité.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Anne Antoine : Le poste de DGS sur une commune de la taille du Versoud (5 500 habitants) demande de savoir endosser des rôles différents : il faut savoir être stratège et être dans l'anticipation ; il faut savoir faire faire ; il faut savoir faire. Il demande à avoir une grande capacité d'organisation, de priorisation pour adapter chaque jour sa charge de travail au regard des attentes des élus, des objectifs que l'on s'est fixé, et des besoins des services. La prise de recul pour ne pas être tout le temps dans l'urgence est essentielle. Il faut également savoir se former, s'ouvrir s'enrichir pour se renouveler et ne pas tomber dans une routine quotidienne, rester sur ses acquis et finir par s'étioler.

Il demande aussi beaucoup d'humilité : forcément dans une commune de petite taille, le DGS prend une place importance au sein de son organisation, il faut savoir rester à sa place et ne pas empiéter ni sur celle des élus, ni sur celle de ses collaborateurs.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Anne Antoine : Un profond sentiment d'utilité. En vingt ans d'exercice sur la commune, j'ai vu le territoire se transformer à la faveur des projets municipaux, les services s'étoffer. Je prends part (activement) à la réalisation d'un projet commun (un peu comme si je jouais à PLaymobil tous les jours) et j'aime ce sentiment de construire et de voir se construire la ville.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Anne Antoine : Le 5 février 2021, la commune du Versoud ouvrait un centre de vaccination (qui réalisera en six mois près de 75 000 injections). Les services communaux et moi-même avons en trois semaine transformer une salle polyvalente en centre de vaccination. Nous nous sommes mis en contact avec l'ARS, avons recruté des agents, aidé les équipes médicales. Cela a été une période de très grosse charge de travail, de stress, et parfois d'incompréhension : on l'a oublié mais quand il n'y avait pas de vaccin tout le monde voulait se faire vacciner et il fallait d'abord répondre aux publics prioritaires. Quand il y a eu des vaccins, plus personne ne voulait se faire vacciner, et là il fallait trouver des volontaires pour ne pas perdre de doses. Le sentiment d'utilité, d'être au cœur de l'action ne m'a pas quittée sur cette période.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Anne Antoine : Si je reste très reconnaissante au maire nouvellement élu qui m'a recrutée à la sortie à la faculté de droit sans expérience pour me confier le poste de DGS, comme aux autres maires avec qui j'ai travaillé et/ou je travaille car ils m'ont permis/me permettent de m'accomplir professionnellement, il me sera difficile de citer des « rencontres importantes ». J'ai la chance de travailler et de rencontrer des personnes engagées, volontaires et inspirantes qui me donnent l'envie de continuer à m'investir, à m'ouvrir à d'autres champs... bref à ne jamais m'ennuyer.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Anne Antoine : Franchement non. Des fois, je me vois maraîchère, d'autres en train de tenir un Food truck, enfin être meilleur ouvrier de France catégorie blanchisseurs, pressing... Pour l'instant, je doute que mes capacités physiques me permettront à presque 50 ans de faire ces reconversions. Qui sait peut-être que j'ôterai mes doutes ?

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Anne Antoine : L'impératif catégorique de Kant « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ». Je crois que tout serait plus simple si tout le monde agissait ainsi. Je crois également qu'au-delà de la discipline et de l'alignement que requiert cet impératif catégorique, il demande à ce que l'on se mette toujours en perspective.

Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?

Anne Antoine : Je pratique presque tous les jours le yoga le matin très tôt (en fonction de mes envies et de mes besoins) et surtout je ris beaucoup. Parce que je trouve que je fais un travail marrant, offrant plein d'occasions de rire des situations vécues.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Anne Antoine : Un seul, en 2012, un de mes collaborateurs a porté des accusations de harcèlement moral à mon encontre. Ces accusations ont donné lieu à un diagnostic des risques psychosociaux, un plan de prévention, une médiation... La période a été difficile à vivre pour moi. Mais comme à toutes choses malheur est bon, à la faveur de l'intervention du coach, de mon accompagnement par un psychiatre, j'ai exploré de nouvelles pistes, appris de nouvelles choses, voire réussi à moduler mon mode de communication. En ce sens cela a renforcé ce que j'étais, et ce que j'avais envie d'être.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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