Portraits d'acteurs
Laurent Deulin
Directeur de la communication externe au Conseil départemental de l'Allier
« Aujourd'hui, c'est notamment la qualité du management qui fait la qualité d'une direction. »
Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Laurent Deulin : Je suis actuellement directeur de la communication externe au Conseil départemental de l'Allier. J'ai commencé mon parcours par des études en droit et en sciences politiques à l'université d'Assas. Très vite, ces formations m'ont orienté vers les métiers de cabinet, des lieux où se croisent enjeux institutionnels et réalités humaines.
Dans mon premier poste (2003-2004), j'ai été chargé de mission au Secrétariat d'État aux Relations avec le Parlement. Une véritable aventure ! Intense, passionnante, parfois éprouvante. J'ai découvert ce que signifiait réellement « vivre dans une tour d'ivoire », cette forme d'isolement institutionnel qui, si l'on n'y prend pas garde, coupe du terrain, du concret, des gens. Ce fut une leçon précieuse, dont les enseignements nourrissent encore ma pratique professionnelle. Par la suite, j'ai exercé presque tous les métiers de cabinet, du collaborateur au directeur de cabinet, en passant par chef de cabinet et directeur adjoint, en région parisienne comme en province.
Mes priorités ont ensuite évolué. J'ai eu envie de projets plus structurants, inscrits dans le temps long, et de me consacrer davantage au management des équipes. C'était un tournant dans ma carrière. C'est à ce moment que j'ai pris la direction du pôle Vie citoyenne, culturelle et sportive à Sceaux (92), un domaine plus administratif et avec plus de management. J'ai ajusté ce cap grâce à une mobilité professionnelle de mon épouse. J'ai rejoint le Département et pris mon poste de directeur dans lequel je peux conjuguer management, projets d'intérêt général et politique.
Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?
Laurent Deulin :
- Prioriser car la communication arrive souvent en bout de chaîne, parfois dans l'urgence. Il faut savoir trier, évaluer, organiser.
- S'adapter aux attentes parfois fluctuantes, aux publics souvent différents, aux outils en évolution permanente.
- Conseiller pour sortir du rôle de simple exécutant, faire reconnaître l'expertise métier des communicants et devenir un véritable partenaire stratégique.
Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?
Laurent Deulin : Il y a, je crois, deux facettes à mon métier : être un bon directeur et être un bon communicant. Les qualités nécessaires sont différentes mais complémentaires.
Un bon directeur doit savoir fédérer, motiver, accompagner. Le temps du directeur « sachant tout » est derrière nous. Aujourd'hui, c'est notamment la qualité du management qui fait la qualité d'une direction. Cela suppose du courage managérial : ne pas fuir les difficultés, affronter les situations délicates, dire les choses, même à sa hiérarchie. Il faut également savoir proposer d'autres chemins quand cela semble nécessaire.
Un bon communicant, quant à lui, doit être curieux, bien ressentir l'évolution de la société, des mœurs, repérer les changements de comportements.
Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?
Laurent Deulin : L'envie d'apprendre. Par essence, les métiers de la communication évoluent constamment. C'est formidable de se lever tous les jours en se disant que l'on va pouvoir découvrir de nouvelles choses et continuer de s'enrichir auprès de ses collaborateurs directs et indirects.
Quel est le projet qui vous a le plus marqué ou dont vous parleriez avec fierté ?
Laurent Deulin : C'est un projet où je n'étais ni directeur de cabinet, ni directeur de la communication, mais directeur de pôle à Sceaux. J'ai eu la chance de piloter un projet de A à Z, du choix politique à l'ouverture de la structure, la création d'une maison France Services. Ce projet m'a marqué à plus d'un titre. En plus de concerner deux services que je supervisais (l'accueil et la communication), il a impulsé une véritable dynamique de co-construction avec d'autres directions telles que les services techniques, la commande publique et l'informatique. Enfin, et surtout, il a eu un impact rapide et concret pour les habitants. Ce fut un vrai grand bonheur professionnel.
Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?
Laurent Deulin : Oui, et il commence à prendre forme. Dans les prochaines années, j'aimerais enseigner, par exemple, dans un IUT, auprès d'étudiants en communication. Mon souhait de partager mon expérience et de transmettre les réalités du terrain m'a déjà permis d'être tuteur pour des étudiants de l'ESTACOM de Bourges. J'ai pris un immense plaisir et j'aimerais aller encore plus loin en donnant des cours et en animant des travaux dirigés.
Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?
Laurent Deulin : Deux noms me viennent immédiatement à l'esprit. D'abord Philippe Séguin, que j'ai croisé lors de mon stage de maîtrise à la Cour des comptes. Au-delà de la stature et du charisme du personnage, j'ai été impressionné par ses valeurs et sa vision. Elles m'ont laissé une empreinte durable.
Ensuite, Alain Tanton, ancien président de l'Agglomération de Bourges. Il incarnait une forme d'engagement désintéressé, une vision du service public non partisane, ancrée dans le concret. Il demeure lui aussi un exemple inspirant pour moi.
Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?
Laurent Deulin : « La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » Albert Camus. Parce qu'elle me parle profondément. Elle dit ce que j'essaie de faire au quotidien : m'investir ici et maintenant, avec sincérité.
Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?
Laurent Deulin : Rien d'extraordinaire : un peu de sport, de la lecture, des moments simples mais essentiels à mon bon équilibre.
Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?
Laurent Deulin : La crise Covid me vient instantanément à l'esprit. Elle a profondément bouleversé nos rythmes, nos repères et nos façons de travailler. Elle a fait émerger un besoin de sens très fort, dans nos métiers comme dans nos vies.
L'autre changement est le développement massif de l'intelligence artificielle. S'il est encore difficile de percevoir clairement les conséquences de son déploiement, elle est bel et bien présente. Qu'elle interroge, bouscule, fascine ou inquiète, nous devons l'apprivoiser. Pour ma part, je reste persuadé que de vivre une telle révolution professionnelle est une chance et qu'il nous revient d'en faire bon usage.
Propos recueillis par Hugues Perinel
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