Mathieu Philippot

DGA Développement & Transitions à Redon Agglomération et Directeur de l'Aménagement

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Mathieu Philippot : Je suis DGA Développement & Transitions à Redon Agglomération et Directeur de l'Aménagement. Cette nouvelle étape professionnelle constitue un défi à plusieurs titres : une double fonction hiérarchique, une création de poste de DGA pour la collectivité, et un périmètre d'intervention vaste - économie, aménagement (urbanisme, habitat, mobilités), environnement (déchets, eau) et transition écologique.

Après cinq années à Sciences Po Paris, j'ai orienté mon parcours dans les domaines du management des territoires. J'ai obtenu un 2^e master à l'École des Ponts et à l'École d'Urbanisme de Paris. En parallèle, j'ai préparé et réussi le concours externe d'administrateur territorial.

À la sortie de l'INET, j'étais guidé par la volonté de  mettre en pratique mes enseignements en portant un projet transformateur pour un territoire. Après quelques mois à  l'Agence d'urbanisme de Strasbourg, j'ai saisi l'opportunité de rejoindre la nouvelle agglomération du Cotentin, un regroupement de 130 communes et 11 anciennes intercommunalités. En tant que directeur des mobilités, je me suis engagé pleinement pour développer un service public exemplaire, innovant, vecteur de solidarité. Au lendemain de la crise des gilets jaunes et avec l'enjeu du changement climatique, je savais qu'il fallait changer le modèle : passer d'une politique des transports d'abord urbaine, à une politique des mobilités qui unie et relie les bassins de vie.

Après la naissance de notre fille, j'ai pris un congé parental. Cette décision a été diversement accueillie mais j'ai pu m'appuyer sur la solidarité des collègues de ma direction. Après 11 mois d'absence, nous avons décidé avec ma compagne de nous rapprocher de nos proches et de nous installer en Bretagne. J'ai rejoint fin 2024 Redon Agglomération, un territoire à l'interface de deux Régions et trois Départements.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Mathieu Philippot : Anticipation : gestion et articulation des temps, capacité à se projeter et à conceptualiser le champ des possibles.

Gouvernance : faire lien entre l'organisation des services (champ managérial) et le processus décisionnel (champ politique).

Disponibilité : conjuguer les nombreux impératifs et sollicitations avec la présence et l'investissement nécessaires à la construction des relations et aux prises de décision.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Mathieu Philippot : Exemplarité : incarner ses exigences et faire preuve de courage.

Diplomatie : associer la forme au fond, accepter les compromis sans compromission, valoriser le chemin, les qualités humaines et les liens, au service d'un but.

Engagement : être guidé et motivé par la qualité du service rendu aux citoyens, contribuer aux mutations sociétales, s'inscrire dans un territoire et s'adapter aux dynamiques qui lui sont propres.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Mathieu Philippot : Partager avec mes collègues, avec mes proches. Découvrir de nouveaux lieux et cultiver l'attachement à ceux qui me sont chers. Rencontrer de nouvelles personnes. Faire face à des problématiques à résoudre. Avoir la possibilité de continuer à apprendre tout en œuvrant. Expérimenter. Aider. Tenter de contribuer aux défis de notre temps. « Penser global, agir local ».

Quel est le projet qui vous a le plus marqué ou dont vous parleriez avec fierté ?

Mathieu Philippot : Le déploiement de l'offre de mobilités Cap Cotentin, de l'élaboration de la stratégie à l'inauguration du réseau à haut niveau de service, en passant par les procédures de marchés, le vote de la fiscalité, le déploiement d'une nouvelle marque, le choc d'offre dans la ruralité, les études et la concertation sur le projet de Bus nouvelle génération, jusqu'à deux ans de chantier qui ont transformé la ville de Cherbourg-en-Cotentin et les usages de l'espace public. Au-delà des réalisations et de l'impact concret pour les habitants et usagers, je retiens de ces années la force de la dynamique collective autour de cette démarche de projets. Partager la fierté du travail réalisé avec les collègues, élus et partenaires qui ont œuvré, c'est là ma plus grande satisfaction professionnelle.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Mathieu Philippot : J'entretiens l'espoir que nous puissions construire un rapport au monde moins anthropocentré, émancipateur, en fraternité avec le vivant. Plus personnellement, j'ai toujours eu la passion des voyages au long cours. La curiosité d'autres vies, d'autres environnements, d'autres cultures. Mes expériences à l'international m'ont beaucoup apporté. J'ai aussi eu la chance de vivre et d'évoluer dans de multiples environnements en France. J'essaie de conserver ce regard de l'ailleurs dans mon quotidien et de partager cette richesse dans ma pratique professionnelle et avec mes proches. À l'avenir, j'espère continuer à cultiver cet amour du prochain comme du plus lointain.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Mathieu Philippot : Mes professeurs d'histoire-géographie qui m'ont conforté dans ma passion et ma vocation. Plusieurs tutrices de stages qui m'ont apporté leur confiance et m'ont permis de m'épanouir. Je pense notamment à mon expérience à Washington DC. Mes quelques mois au sein de l'agence d'urbanisme de la capitale américaine m'ont convaincu de poursuivre dans cette voie. Je pense aussi à Céline Le Méhauté, ma DGA à l'agglomération du Cotentin, pour le chemin que nous avons parcouru ensemble. À Arnaud Catherine, Vice-Président Mobilités du Cotentin. Mes anciens collègues de la direction transports & mobilité, dans leur diversité et pour la force de l'esprit d'équipe qui nous a permis de déplacer des collines (normandes). Christophe Bidaud, DGS à Redon Agglomération, qui m'accompagne avec bienveillance dans mes fonctions actuelles.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Mathieu Philippot : J'utilise régulièrement l'adage « le mieux est l'ennemi du bien ». Non par conservatisme, mais parce que l'excellence n'est pas la perfection. Pour faire grandir un collectif au service d'une ambition, je crois qu'il faut concilier exigence et bienveillance. Permettre à chacun de prendre sa part en ouvrant des espaces de dialogues sincères et d'expérimentations. En laissant la place aux erreurs, aux échecs, qui nous enrichissent. En valorisant les réussites, individuelles et collectives. Plutôt que la quête du toujours mieux, du sécuritaire, qui paralyse, je préfère une culture de l'action et de l'audace qui permette l'accomplissement des projets comme des personnes.

Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?

Mathieu Philippot : Profiter des moments avec ma compagne et ma fille. Observer le lever de soleil sur les marais de l'Oust en approche de la gare de Redon. Continuer à m'informer, à lire. Sortir en mer ou dans les bois pour prendre l'air. Écouter et jouer de la musique. Déjeuner avec des collègues. Faire du vélo, nager, marcher.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Mathieu Philippot : L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe en février 2022. Le retour de la guerre à grande échelle sur le continent européen, témoin du basculement géopolitique et sécuritaire du monde. À l'annonce du déclenchement du conflit, nous avons pris un temps de recueillement avec ma direction. Face aux évènements en cours, nous portons chacun-e une responsabilité pour construire un monde de paix. C'est un préalable évident à l'épanouissement des politiques locales que nous portons au quotidien.

L'arrivée de notre fille, cette même année 2022. Devenir parent transforme et enrichit l'existence. Construire une vie de famille m'équilibre et m'apporte un recul bénéfique par rapport à mon engagement professionnel et citoyen.

Propos recueillis par Hugues Perinel

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