Une triple fonction
Dans le système éducatif, l'enseignement professionnel assure une triple fonction qui marque sa spécificité aussi bien par rapport à l'enseignement général que par rapport à l'enseignement technologique et à l'apprentissage :
- D'abord, il s'agit d'un enseignement qui prépare à des métiers et dont les diplômes sont en même temps des qualifications de niveau V (CAP, BEP) ou IV (baccalauréat professionnel, mentions complémentaires), ce qui n'est pas le cas de de l’enseignement général, ni même de l'enseignement technologique, dont les baccalauréats débouchent sur des poursuites d’études. Cette fonction est aujourd’hui quelque peu brouillée dans la mesure où les titulaires du baccalauréat professionnel peuvent eux aussi prétendre poursuivre des études, en STS notamment.
- Ensuite, aussi bien en CAP qu’en bac pro, il s’agit d’une formation en alternance qui associe des périodes d’enseignement au lycée et des périodes de formation en milieu professionnel encadrées par des tuteurs (18 à 22 semaines sur l’ensemble de la formation selon les spécialités). Même lorsqu'ils effectuent leurs périodes de formation en entreprise, les élèves restent sous statut scolaire (alors que les apprentis sont sous contrat de travail) et donc sous la responsabilité de l’établissement.
- Enfin, c'est un moyen de permettre à des élèves, qui pour beaucoup d'entre eux auraient des difficultés dans l'enseignement général, d'obtenir une qualification et même, pour la majorité d'entre eux, un baccalauréat, avec les possibilités d'accès à l'enseignement supérieur qui y sont associées (mais 6 % seulement des bacheliers professionnels qui entrent à l’université obtiennent une licence).
Figure 1 – Organisation générale de l’enseignement professionnel
Revaloriser l’enseignement professionnel
Pourtant, l'enseignement professionnel souffre d'un déficit d'image, tant auprès des élèves et des familles qu'auprès des enseignants ou des CPE, de collège notamment, qui en méconnaissent souvent les principales caractéristiques, ne serait-ce que parce que peu d’entre eux l’ont fréquenté en tant qu'élèves.
Il apparaît comme dévalorisé par rapport à l'enseignement général et même par rapport à l'enseignement technologique, notamment parce qu'il ne débouche que partiellement vers des poursuites d'études et, de ce fait, ne permet à la majorité des élèves qu'une insertion professionnelle au niveau V ou, au mieux, IV de qualification.
Ce ne sont pas des « études » comme les autres, puisqu’elles engagent de manière précoce les élèves dans un métier ou, au moins, un domaine professionnel. D'où des campagnes récurrentes pour « revaloriser » l'enseignement professionnel avec, dans la période récente, plusieurs mesures essentielles :
- la création en 1985 du baccalauréat professionnel, puis, à partir de 2008, la généralisation de sa préparation en trois ans (alors qu’auparavant il en fallait quatre) ;
- la création du label « lycée des métiers » puis « campus des métiers et des qualifications » ;
- à compter de la rentrée 2016, une série de mesures qui visent à mieux réussir l’entrée au LP, de manière à éviter le désinvestissement, voire le décrochage de certains élèves :
- améliorer, dès le collège, l’information sur l’enseignement professionnel ;
- mieux accueillir les élèves par la mise en place d’une période d’accueil et d’intégration ;
- rendre l’orientation réversible dans le cadre d’une période de consolidation de l’orientation ;
- mieux préparer les élèves aux périodes de formation en milieu professionnel ;
- supprimer les évaluations certificatives en classe de seconde pour laisser plus de temps aux apprentissages proprement dits ;
- enfin, à partir de la rentrée 2019, une nouvelle réforme de la formation qui vise à sécuriser les parcours et à en améliorer l’efficacité, en ce qui concerne tant l’insertion professionnelle que les poursuites d’études. Elle se traduit notamment par :
- la création de « campus d’excellence » ancrés dans les territoires ;
- l’intégration de sections d’apprentissage dans tous les LP ;
- une carte des formations tournée vers les métiers d’avenir ;
- un partenariat renforcé avec les entreprises pour favoriser l’insertion des élèves ;
- un CAP en 1, 2 ou 3 ans en fonction du profil des élèves ;
- une seconde professionnelle organisée par familles de métiers, le choix d’un métier proprement dit n’intervenant qu’en première ;
- des enseignements généraux mieux articulés avec les enseignements professionnels grâce à la co-intervention (2 enseignants [Français et/ou Mathématiques et enseignement professionnel] sur une même plage horaire) ;
- un renforcement de l’accompagnement personnalisé et de l’aide à l’orientation. Dans ce cadre, en terminale, les élèves choisissent entre un module « insertion professionnelle » ou un module « poursuite d’études » en fonction de leur projet personnel ;
- réalisation d’un « chef-d’œuvre » en première et terminale. Présenté à l’examen, c’est une nouvelle version du PPCP.
Remarque
Les nouvelles grilles horaires pour le CAP et le bac pro (cf. Les diplômes de l'enseignement professionnel) ainsi que les nouvelles modalités d’organisation des enseignements se mettent en place à la rentrée 2019 en seconde, 2020 en première et 2021 en terminale.
Pour pallier le manque de motivation, le manque d’intérêt, le décrochage parfois des élèves de lycée professionnel, de nouvelles mesures ont été mises en place dans les établissements à compter de la rentrée 2016.
Plusieurs d’entre elles impliquent la vie scolaire (information, orientation, accueil, préparation des PFMP). Circulaire n° 2016-055 (extraits).
Une collaboration avec les milieux professionnels
Correspondant à des qualifications, les diplômes délivrés par l'enseignement professionnel sont élaborés et attribués en collaboration avec les milieux professionnels :
- les quatorze commissions professionnelles consultatives (CPC), organismes associant Éducation nationale et milieux professionnels, déterminent l'opportunité d'ouvrir ou de fermer une formation et élaborent les référentiels de chaque diplôme ;
- une alternance entre les périodes d'enseignement au lycée et des périodes de formation en milieu professionnel est modulée en fonction du diplôme ;
- les milieux professionnels sont toujours représentés au sein des jurys.
Des effectifs en légère baisse
Les effectifs des formations professionnelles en lycée ont été multipliés par 2,1 entre 1960 et 1985 et ont ensuite connu une baisse jusqu’en 1992. Une hausse des effectifs est observée entre 1993 et 1998, suivie d’une diminution sensible jusqu’en 2000. Les hausses conjoncturelles de 2010 et 2013, dues en particulier à la généralisation du baccalauréat professionnel en trois ans, n’empêchent pas la baisse globale des effectifs du cycle professionnel depuis la rentrée 2000 (– 49 700 élèves à champ constant, soit – 7 %). À la rentrée 2017, les effectifs de la voie professionnelle baissent de 1,2 % pour s’établir à 657 000 élèves.
Évolution des effectifs selon le diplôme préparé
Remarque
Si de plus en plus de jeunes issus de l’enseignement professionnel poursuivent leurs études (35 % en 2015), leur réussite y est nettement plus faible que celle des autres bacheliers. Seuls 61 % des bacheliers professionnels inscrits en BTS décrochent leur diplôme, soit 25 points de moins que les bacheliers généraux ou technologiques.