Nous sommes actuellement face à un véritable enjeu sociétal lié au développement durable : c’est pourquoi il est essentiel de développer une démarche de sensibilisation au respect de la nature dès le plus jeune âge, par le plaisir, la découverte et le jeu.
Or, depuis quelques décennies, l’enfance est de plus en plus « dénaturée » : moins d’un enfant sur cinq se rend tous les jours dans un parc ou un espace naturel…
En 2012, un article du Guardian le soulignait : « La planète et son besoin désespéré de protection […] sont condamnés si nous ne débranchons pas les enfants de leurs écrans pour les pousser à faire partie de celle-ci. Les générations futures sont notre seul espoir […] : les enfants déconnectés de la nature ne se battront pas pour la sauver » (George Monbiot, « If Children Lose Contact with Nature They Won’t Fight for It », The Guardian, 19 novembre 2012, www.theguardian.com).
De son côté, le psychologue Aric Sigman expliquait en 2007 que « sans expériences concrètes et sensitives, sans une idée de la fonction du monde naturel, sans intensité de l’engagement presque impossible en l’absence d’expérience précoce, les gens ne pourront pas consacrer leur vie à la protection de la nature » (Agricultural Literacy : Giving Concrete Children Food for Thought).
Les professionnels de l’enfance ont donc un rôle essentiel dans ces premières expériences, dès la prime enfance, au contact régulier de la nature.
« L’effondrement important de l’engagement des enfants avec la nature – qui est encore plus rapide que l’effondrement du monde naturel » est aussi présenté dans les travaux de Richard Louv, journaliste américain ayant introduit l’expression « trouble déficitaire de la nature » (ou « syndrome de manque de nature »). Louv décrit le manque direct de contact grandissant des enfants avec la nature et les conséquences que cela peut avoir à l’heure actuelle :
- problèmes de santé tels que l’obésité ou les troubles de l’attention ;
- troubles comportementaux et physiologiques liés au manque d’expériences sensorielles avec la nature.
Richard Louv nous alerte sur les effets néfastes d’une urbanisation grandissante, des écrans omniprésents, du manque d’activité physique, de la sédentarisation… Par exemple, deux heures de télévision par jour entre 15 et 48 mois impliquent trois fois plus de risques de retard de langage et jusqu’à six fois plus avant 1 an (voir « Pourquoi la télévision est-elle nocive pour les enfants en bas âge », www.yapaka.be).
À l’heure actuelle, les enfants passent tellement de temps à l’intérieur, à jouer sous la surveillance des adultes qui leur organisent des activités structurées, que certains auteurs tels que Louis Espinassous en arrivent à parler d’« éducation hors sol » (voir Pour une éducation buissonnière, Éditions Hesse, 2010).
Or, les neurosciences affectives et sociales (qui étudient les mécanismes cérébraux des émotions, des sentiments, etc.) nous montrent notamment que le cerveau du jeune enfant se construit par ce qu’il vit dans sa prime enfance, et qu’en grandissant le cerveau conserve les connexions neuronales des expériences les plus fréquentes. On peut donc en déduire qu’un contact fréquent avec la nature au travers d’expériences positives de partage avec l’adulte est essentiel pour que le cerveau construise et conserve ce lien positif à l’environnement naturel.
Un jeune enfant qui aura exploré la nature par le jeu, avec plaisir, sera un enfant et un adolescent qui la connaîtra mieux, et donc un adulte plus respectueux de son environnement.