Contexte
La crise liée au Covid-19, parce qu’elle a durement touché les résidents des Ehpad et conséquemment leurs familles et les personnels qui les accompagnent, a engendré un questionnement sur ce qu’étaient devenus ces établissements, comment ils fonctionnaient, quels publics ils accueillaient.
On sait que les personnes âgées souhaitent rester le plus longtemps possible à domicile. De même, tout le monde est convaincu (et les enquêtes d’opinion à ce sujet le montrent) que les formules alternatives d’hébergement peuvent et doivent se développer, de la résidence seniors à l’habitat « API » (accompagné, partagé et inséré dans la vie locale), tel que décrit dans le rapport Piveteau-Wolfrom de 2020.
Cependant, la très forte progression du nombre de personnes âgées dépendantes à partir de 2030 ne permet aucun doute (les personnes en perte d’autonomie seront 2,2 millions en 2050 contre 1,3 million en 2017) : les Ehpad continueront de constituer l’offre centrale dans la prise en charge des personnes les plus touchées par la perte d’autonomie, notamment psychique.
La question est donc de trouver les moyens pour que les établissements puissent évoluer et s’adapter afin de répondre aux nouveaux besoins des personnes âgées de demain et notamment à l’exigence « domiciliaire », qui doit permettre de se sentir « à domicile » en établissement.
« Mobiliser de nouveaux concepts pour penser l’établissement » est d’ailleurs ce que préconise la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) en 2018 dans sa démarche prospective Pour une société inclusive, ouverte à tous (cf. Bibliographie). Il faut rappeler que plusieurs études internationales mettent en avant l’intérêt et les bénéfices de la domesticité, du « comme à la maison » en institution, qui permet aux personnes accueillies de préserver – au moins en partie – leur autonomie, malgré la survenue de la dépendance, et de conserver leur statut d’habitant avec un rôle social. Cette nouvelle approche, qui rompt avec l’approche hospitalière ou hôtelière, requiert de nouvelles pratiques et une réflexion dans la prise en charge.
Nous aborderons à travers cette fiche l’évolution du droit des usagers ces vingt dernières années, la déclinaison pour « être chez soi » en Ehpad et, enfin, les moyens pour être un habitant citoyen plutôt qu’un résident.