Une étude d’Olivier Donnat pour le compte du ministère de la Culture et de la Communication fait état des évolutions profondes qui caractérisent la période 1997-2008 pour l’ensemble de la population française (l’enquête 2018 est en cours de réalisation). Il étudie en particulier la manière dont les pratiques nouvelles liées à l’usage du numérique s’articulent avec l’usage des anciens médias (télévision, presse…) et les formes plus traditionnelles de culture (théâtre, concerts…).
La culture d’écran
L’étude montre que, en seulement dix ans, les appareils fixes dédiés à une fonction précise ont été supplantés par des appareils nomades offrant une large palette de fonctionnalités dont certaines mobilisent des contenus à caractère culturel. Cette évolution conduit à faire de l’écran le support privilégié de la relation à l’environnement culturel.
Porosité entre culture et divertissement
Cette évolution marque surtout une tendance à l’abaissement des frontières entre culture et distraction, entre le monde de l’art et celui du divertissement. Il s’agit là d’un point clé. Les mondes se rapprochent, apportant pour les uns une forme d’enrichissement réciproque, conduisant pour les autres à une forme de syncrétisme appauvrissant considérablement le monde de la culture et des arts.
Ce phénomène trouve une illustration intéressante dans le fait que, contrairement à ce que pourrait laisser entendre une analyse rapide, il existe un fort lien entre usage des technologies numériques et pratiques culturelles traditionnelles. Internet concerne ainsi en priorité les catégories de population les plus investies dans le domaine culturel. La probabilité d’aller dans une salle de cinéma, de théâtre, d’avoir lu ou d’être allé au musée croît avec la fréquence d’utilisation d’Internet.
Dans un contexte de recul de la lecture de la presse et des livres…
Entre 1997 et 2008, la lecture de la presse payante et des livres a poursuivi son recul. Il est toutefois difficile de considérer qu’il y a eu une baisse effective massive des pratiques de lecture, du fait de l’irruption de la presse gratuite dans le paysage des médias et des pratiques de lecture sur écran.
… et d’une fréquentation des équipements culturels globalement stable
Le temps supplémentaire passé devant les écrans n’a pas modifié fondamentalement la fréquentation des équipements culturels : salles de cinéma, médiathèques, lieux de spectacle vivant, lieux d’exposition, lieux de patrimoine.