La mixité scolaire est aujourd’hui indiscutable, mais cela n’a pas toujours été le cas, loin de là. L’outil ci-dessous fait apparaître que la scolarisation des filles a été plus tardive et moins évidente que celle des garçons.
L’accès à la scolarisation pour les filles nous semble aujourd’hui évident. C’est pourtant un processus qui aura pris plus d’un siècle. Ce document nous en présente les étapes, notamment en termes législatifs.
Si la bacchanale redoutée par certains ne s’est pas produite, la mise en œuvre de la mixité dans l’établissement scolaire produit des effets ambigus : les filles ont pleinement profité de l’accès à la scolarité secondaire (elles sont meilleures, à tous points de vue, que les garçons), mais elles en tirent moins profit que ces derniers et restent parfois victimes de stéréotypes liés au sexe.
Les filles sont de meilleures élèves que les garçons
Quel que soit le niveau de scolarité, elles sont plus nombreuses à être « à l’heure » ou en avance (elles redoublent moins souvent) ; elles obtiennent de meilleurs résultats aux examens, en termes de pourcentage de réussite (environ dix points de plus que les garçons, toutes séries du baccalauréat confondues) et de niveau (plus de mentions « bien » et « très bien »). Finalement, à tous points de vue, elles accomplissent une meilleure scolarité que les garçons.
Fig. 1 – Parcours scolaires des filles et des garçons dix ans après l’entrée en 6e en 1995 (%)
Lecture : sur 100 filles entrées en 6e en 1995, cinq sont sorties sans qualification dix ans plus tard.
Les filles ne sont pas seulement meilleures en termes de résultats, elles le sont aussi en termes de comportement et d’adaptation aux exigences scolaires : elles accomplissent mieux que les garçons les « tâches inhérentes à leurs études » (
Code de l’éducation
, article L. 511-1). Moins sujettes à l’absentéisme, elles commettent (et subissent) également moins d’actes de violence, et au collège, elles sont bien moins présentes que les garçons dans des structures accueillant des élèves « difficiles », à un titre ou à un autre : on compte environ 80 % de garçons dans les dispositifs relais ou en SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté).
Mixité formelle, différenciation réelle
En réalité, la mixité ne place pas réellement les filles et les garçons sur un pied d’égalité, et de ce point de vue, le fonctionnement scolaire n’est pas très différent du fonctionnement social :
- Si la mixité est effective au primaire et au collège, elle ne l’est plus tout à fait au lycée : les filles représentent 54 % des effectifs en seconde de détermination, seulement 45 % en terminale S, mais 78 % en L et 93 % en ST2S ; elles représentent 40 % des élèves de LP, mais, selon les spécialités (production ou services), il peut y avoir des classes uniquement masculines ou féminines. Cette inégale répartition se poursuit jusqu’aux classes préparatoires.
- Les filles ne tirent pas entièrement parti de leur réussite scolaire : nombre d’entre elles dont les résultats leur permettraient d’accéder à des filières sélectives ne le font pas. C’est notamment le cas de l’accès à la série S.
Tab. 1 – Proportion de filles et de garçons dans les classes post-bac
Remarque
Le rapport entre les destins scolaires et, plus tard, social des filles interroge le fonctionnement de la mixité dans la mesure où il ne résulte pas essentiellement de pratiques discriminatoires, mais principalement des représentations qu’elles ont d’elles-mêmes et du niveau d’expectation qui leur est propre.
Fig. 2 – Où vont les garçons et les filles qui se jugent très bons en mathématiques en fin de collège ?
Lecture : 64 % des filles qui se jugent très douées en mathématiques se sont orientées vers un bac S.