Une vision rétrospective rapide sur les évolutions les plus marquantes
Nombreuses sont les mesures ou réformes qui, dans le passé, ont sensiblement impacté l’organisation des études de santé. Toutefois, s’il ne fallait citer que les deux plus importantes, il faudrait certainement mentionner l’instauration du numerus clausus et la réforme de 2009 concernant la première année d’études commune aux études médicales, odontologiques, pharmaceutiques et de sage-femme.
Mais les progrès de la médecine, les profondes mutations affectant le système de santé, les exigences de la dynamique de progrès impulsée aux établissements de santé publics et privés et les charges nouvelles induites par l’évolution des missions imparties à ces derniers, pèsent sensiblement sur le corps médical non seulement en termes de formation continue, mais aussi en matière de formation initiale.
C’est dans ce contexte et en réponse aux défis auxquels le corps médical devra faire face dans les décennies à venir qu’une réforme nouvelle impactant le 3e cycle des études médicales et pharmaceutiques va produire ses premiers effets à compter du 1er novembre 2020.
C’est dans le cadre de cette réforme que seront nommés les docteurs juniors, praticiens en cours de formation basée sur une acquisition progressive et personnalisée des connaissances et compétences professionnelles, formalisée par un contrat de formation permettant de définir les objectifs pédagogiques poursuivis.
L’instauration du numerus clausus
Ce dispositif particulier encore en vigueur aujourd’hui peut se traduire par « nombre fermé ». Il consiste en une limitation annuelle du nombre maximum d’étudiants susceptibles d’être admis en 2e année d’études médicales, odontologiques et pharmaceutiques. Cette mesure a été introduite en 1971 par des dispositions réglementaires visant à adapter le nombre de praticiens aux besoins de la population tout autant que de contenir l’évolution croissante des dépenses de santé.
Aujourd’hui, on s’accorde à reconnaître que ce système n’a pas produit les effets escomptés, tant en ce qui concerne l’évolution des dépenses de santé qu’en ce qui concerne la répartition des effectifs médicaux sur le territoire, puisque la liberté d’installation demeure la règle.
Par ailleurs, ce dispositif, qui ne produit ses effets sur les effectifs médicaux que de façon quantitative, n’est pas apte à réguler les déséquilibres qui perdurent entre les différentes spécialités médicales.
Il est certain que les recrutements de praticiens étrangers ainsi que les appels à des sociétés d’intérim que les hôpitaux sont souvent contraints d’effectuer témoignent encore des effets délétères de ce dispositif.
La 1re année d’études commune aux études de santé
Il s’agit d’un dispositif introduit en 2009 qui vise notamment à estomper dans toute la mesure du possible les effets pervers du numerus clausus sur le parcours universitaire des étudiants.
En effet, les étudiants non autorisés à poursuivre leurs études en 2e année n’avaient d’autre alternative que de redoubler leur 1re année ou de poursuivre des études dans un tout autre domaine. Nombreux encore étaient ceux qui ayant pris l’option de redoubler se trouvaient de nouveau dans l’empêchement de poursuivre leur formation en 2e année.
Cette situation, hautement préjudiciable aux étudiants confrontés à une réorientation tardive, générait par ailleurs pour le ministère de l’Éducation nationale des situations de sureffectif et de surcoûts en matière d’utilisation de fonds publics.
Dans le cadre de ce dispositif novateur et ambitieux, les étudiants poursuivent dans cette 1re année des études scindées en 2 semestres, chacun sanctionné par des épreuves classantes. Au terme du premier semestre, les étudiants sont soit orientés vers d’autres formations universitaires, soit admis à poursuivre le second semestre de scolarité au terme duquel ils pourront choisir leur orientation en fonction du rang de classement obtenu.
Des dispositions particulières complètent ce dispositif en autorisant, sous certaines conditions, les étudiants qui estiment ne pas avoir choisi la filière qui leur convient d’exercer ce qu’il est convenu d’appeler « un droit de remords » pour changer de filière et accéder directement à la 2e année d’études de leur choix.
La réforme du 3e cycle conduisant à la nomination de docteurs juniors
Le statut de « docteur junior » qui entre en vigueur à compter de la rentrée universitaire 2020-2021 illustre bien la logique évolutive, ambitieuse et riche d’adaptations successives qui caractérise l’organisation des études médicales depuis plusieurs décennies.
C’est en effet dans le souci de moderniser et de simplifier l’organisation du 3e cycle des études de médecine que depuis l’année universitaire 2017-2018, les étudiants s’orientent vers une acquisition progressive et personnalisée des connaissances et compétences professionnelles formalisée par un contrat de formation permettant de définir les objectifs pédagogiques poursuivis.
Dans le cadre de ces dispositions novatrices, le 3e cycle des études de médecine est structuré en 3 phases : une phase 1 dite « phase socle », une phase 2 dite « phase d’approfondissement » et une phase 3 dite « phase de consolidation ». Dans chaque maquette de formation conduisant à un diplôme d’études spécialisées sont précisées par phase les connaissances et compétences spécifiques à chaque spécialité.
C’est dans ce contexte que le statut de docteur junior a été créé. Il s’applique aux étudiants de 3e cycle des études de médecine, ou de pharmacie pour les étudiants inscrits en biologie médicale, qui accomplissent la phase 3 dite « de consolidation », et qui ont soutenu avec succès une thèse conduisant à la délivrance du diplôme d’État de docteur en médecine.