Partie 9 - En complément
Chapitre 1 - L’accueil d’un enfant différent

9.1/1 - Handicaps : Comprendre le handicap et ses conséquences

9.1/1.1 - Que signifie « être différent » ?

Jean-Marc Botta

I - L’origine du mot «handicap»

Étymologie du terme

Lorsqu’on tente de réfléchir à la situation particulière que représente l’accueil de l’enfant porteur de handicap, et si le concept d’enfant nous est connu, il est plus difficile de définir la notion même de handicap. Pour y parvenir, il est nécessaire de se référer à quelques notions conceptuelles et de faire un détour par l’étymologie même de ce terme.

Selon le plus grand dictionnaire anglais, l’Oxford English Dictionary, au XVIIIe siècle existait un jeu appelé hand in cap, qui signifie littéralement « main dans la casquette » : pour faire le troc entre deux objets, un arbitre fixait la différence de valeur à payer mais ne l’annonçait qu’après avoir misé dans une casquette avec les deux propriétaires. Par la suite, l’arbitre a été chargé de fixer la différence de valeur sportive entre deux chevaux. Le plus doué prenait le départ plus ou moins en arrière de son concurrent ou bien portait un poids supplémentaire de manière à égaliser les chances. De là, les courses de handicap à plusieurs chevaux que nous connaissons encore.

Compétition et autonomie

Ce handicap dont nous parlons aujourd’hui conserve (sans que nous le sachions) la mémoire des significations qu’il avait au XVIIIesiècle : la différence de valeur et l’argent pour compenser cette différence, dont le montant est fixé par un arbitre.

Une remarque est à faire sur cette origine. Lorsque l’on constate qu’issu du monde des courses de chevaux ce terme est aujourd’hui utilisé pour caractériser ce qui peut affecter l’existence d’un être humain, on peut légitimement s’étonner que l’on puisse comparer la vie ou plutôt le déroulement de la vie d’une personne avec une lutte pour arriver le premier sur une distance imposée. L’histoire du mot nous renvoie au domaine de la compétition et à ce qui peut la rendre plus égalitaire. Pourtant, est-ce bien comme ceci que nous voyons la vie et surtout le projet de vie des enfants ?

L’interrogation des parents, lorsqu’il leur est annoncé qu’une affection vient altérer une ou plusieurs capacités de leur enfant, se manifeste sous la forme d’une question angoissée dont la forme canonique est le plus souvent « Y arrivera-t-il? », « Réussira-t-il? » et qui est suivie de différents compléments : à marcher, à aller à l’école, à se débrouiller tout seul ?

Cette question angoissante...

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