Des structures du grand âge face à une situation financière « dramatique » et « inédite »

Publié le 23 avril 2024 à 11h00 - par

Treize organisations du secteur du grand âge, public et associatif, ont tiré lundi 22 avril 2024 la sonnette d’alarme sur la « gravité de la situation » financière, d’une ampleur « inédite », touchant leurs établissements et les services d’autonomie à domicile.

Des structures du grand âge face à une situation financière "dramatique" et "inédite"
© Par Tommy Larey - stock.adobe.com

« La situation est totalement inédite. Cela n’est jamais arrivé (…) de constater une telle situation presque généralisée de déficit », a souligné Emmanuel Sys, président de la Conférence nationale des directeurs d’établissements pour personnes âgées et handicapées (CNDEPAH) lors d’une conférence de presse. Après une année 2022 « alarmante », 2023 s’est terminée sur un constat « dramatique », a-t-il ajouté, mettant en avant « le risque d’arrêt d’activités ».

Le secteur public et associatif représente quelque 5 200 établissements, soit 450 000 places pour les personnes en perte d’autonomie.

Douze autres organisations, comme Nexem, la Mutualité française, l’Una, étaient présentes à cette conférence de presse, un événement « rare » témoignant de la « gravité de la situation », selon M. Sys. En cause, « l’accélération de la déconnexion entre les recettes et les dépenses », qui ont nettement augmenté avec l’inflation (énergie, alimentation…) et les revalorisations salariales importantes accordées depuis le Ségur de la Santé de 2020.

Pour Pascal Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées), « l’immense majorité » des structures est en déficit alors même que la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), leur principal financeur, « va être en excédent » en 2024. Les chefs d’établissements « se refusent » à « compter les croûtons dans la soupe ou les biscottes au petit-déjeuner », a relevé M. Champvert.

« Beaucoup d’établissements ne survivront pas à une année 2024 dans les mêmes conditions », a assuré Marc Bourquin, conseiller stratégie à la Fédération hospitalière de France (FHF), qui a publié jeudi 18 avril 2024 une enquête montrant que près de 85 % des Ehpad publics, soit quasiment le double de 2019, ont enregistré un déficit en 2023.

La Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap) a déjà fait état de « fermetures d’unités ou de services » dans certains établissements. Dans ce contexte, l’ensemble des structures « appellent à une action immédiate et volontariste des pouvoirs publics ». Elles demandent un nouveau fonds d’urgence, en évaluant les besoins à près de 1,4 milliard d’euros, ainsi qu’une augmentation des tarifs. Alors qu’entre 2030 et 2040, le nombre des plus de 85 ans va bondir de plus de 50 %, elles réclament aussi un grand débat ou une loi sur le grand âge, un texte attendu de longue date par le secteur.

« Avec (la ministre de la Santé et des Solidarités) Catherine Vautrin, nous avons entendu l’appel de la FHF et des fédérations. J’y répondrai dans les prochains jours », a réagi auprès de l’AFP la ministre chargée des Personnes âgées et handicapées, Fadila Khattabi. « Depuis 2019, l’État a accompagné les Ehpad dans les différentes crises qu’ils ont traversés en augmentant de 4 milliards d’euros leurs dotations annuelles. Cet effort inédit doit se poursuivre en définissant une stratégie, une gouvernance et un financement pour le grand âge », a-t-elle souligné.

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