Partie 9 - En complément
Chapitre 6 - Le jeu en structures d'accueil

9.6/4 - Jeu : Environnement et symbolique

I - Le « doudou  » est-il un jouet comme les autres ?

Le « doudou » est lié à l’expérience de la séparation

La capacité de jouer est le résultat d’un long parcours pour un enfant. Ce potentiel résulte de la qualité de l’environnement et des liens qu’il a pu créer, des stimulations dont il a bénéficié ou non.

L’aptitude qu’a l’enfant à utiliser l’espace autre que familial, de se saisir des jouets pour les utiliser de façon à la fois sociale et personnelle, pour construire et même créer, dépend du passé de l’enfant. Ses expériences de la séparation, son sentiment d’exister en l’absence de sa « mère » au sens large, sont primordiaux. Si elles n’ont pas été suffisamment bonnes pour l’enfant, celui-ci pourra être en difficulté.

Une des prémisses de cette capacité de jouer, au sens élargi du terme, est la possibilité de faire en l’absence de l’autre, de la mère, et de pouvoir vivre une position où l’on se situe dans un espace intermédiaire entre soi et l’autre.

Une des premières formes de cette aire de transition, de ce « trait d’union » entre la mère et l’enfant, peut être représentée par le « doudou » du bébé.

Qu’est-ce que le doudou ?

Dès 3-4 mois, le bébé peut se saisir d’un bout de drap qu’il introduit dans sa bouche, qu’il suce ou non. Il peut faire des mouvements de bouche, accompagnés de sons tels que « mum-mum ». Le doudou est, selon les enfants et leur âge, un bout de tissu, une habitude, et/ou plus tard une peluche, quelque chose de doux.

D.W. Winnicott, médecin pédiatre et psychanalyste, a étudié et théorisé ce phénomène du doudou qu’il a nommé « objet transitionnel  ». Pour lui, cet objet n’a pas besoin d’être réel, il peut être constitué par « un mot ou un air, ou une habitude, qui en est venu à être d’importance vitale pour le bébé lorsqu’il va se coucher », par exemple. Il apparaît entre le quatrième et le douzième mois de la vie de l’enfant. C’est un objet externe à l’enfant, qu’il a créé et dont il avait besoin : c’est une première possession « moi/non-moi ».

L’enfant fait lui-même le choix de cet objet extérieur à lui qui ne fait pas partie de son corps mais que, paradoxalement, il ne reconnaît pas encore comme faisant complètement partie de la réalité extérieure.

En effet, cet objet représente une aire intermédiaire d’expérience entre le dedans et le dehors, la réalité extérieure...

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous pour accéder à la publication dans son intégralité.