Partie 9 - En complément
Chapitre 6 - Le jeu en structures d'accueil

9.6/1 - Jeu : Histoire du jeu, histoire d’enfant

Différence entre jeu et jouet

La langue française est source de malentendus : jeu et jouet sont souvent pris l’un pour l’autre. Ces termes aux racines étymologiques semblables sont pourtant bien différents (« jeu » et « jouet » viennent du latin jocus, qui signifie jeu de langage ou badinage. Les romains utilisaient le terme ludus : « amusement, divertissement », pour parler du jeu tel que nous l’entendons aujourd’hui).

L’enfant n’a pas besoin de jouet pour jouer et peut ne pas jouer malgré ses jouets !

La langue anglaise, elle, ne connaît pas cette confusion. Il existe les termes game et play.

D.W. Winnicott reprendra cette dichotomie en opposant le game (jeu avec des règles) au play (libre expression de soi).

Le jeu, tel que nous l’envisagerons, est donc à entendre comme acte de jouer. Nous verrons tout au long de cet ouvrage que le jeu est un acte gratuit, sans autre but pour l’enfant que le plaisir (si tant est que le plaisir ne soit pas un réel but en soi) qui va cependant permettre à l’enfant d’apprendre, comprendre, développer ses facultés.

Le sujet enfant

Nous l’avons donc vu, le sujet du jeu questionne. Mais ce qui nous intéresse aussi, autant que le jeu, c’est le sujet enfant qui joue.

L’enfant deviendra « sujet » tardivement : en 1989 est signée la déclaration des Droits de l’enfant : l’enfant est alors reconnu comme sujet et individu à part entière ayant des droits que les états signataires doivent assurer : jouer en est un. (Article 31 :

1. Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique. 2. Les États parties (...) encouragent l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité.)

La fin du XXe siècle marque donc la reconnaissance du jeu comme élément essentiel au développement et à l’épanouissement de l’enfant.

Mais qu’en était-il jusque-là ? Un regard sur le passé nous montrera que la conception du jeu a beaucoup évolué au cours des siècles et que, finalement, avec cette évolution, c’est la conception de l’enfant qui se dessine en filigrane.

Antiquité

À l’époque de l’Antiquité gréco-romaine, le jeu fait partie intégrante de l’homme.

L’homme joue. L’enfant joue. Selon Aristote, pour l’enfant, « jusqu’à sa cinquième année (...) on doit (...) lui laisser une liberté suffisante de mouvement (...)...

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