Contexte
Lorsque l’on aborde un sujet comme l’illettrisme, se mettre d’accord sur les mots est un préalable essentiel : illettrisme, analphabétisme et apprentissage du français sont en réalité trois problèmes différents :
- Un adulte qui a été scolarisé mais qui n’a pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture et du calcul doit réapprendre, renouer avec les formations de base. Il doit réacquérir et consolider ses compétences de base. C’est la lutte contre l’illettrisme.
- Un adulte qui n’a jamais été scolarisé doit tout apprendre, il est en situation d’alphabétisation.
- Un nouvel arrivant en France doit apprendre le français. Il apprend une nouvelle langue, c’est le français langue étrangère dans le cadre de la politique linguistique en faveur des migrants.
En France, 7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisé est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes en métropole.
Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a pris cette question à bras-le-corps. Sa politique est présentée dans la fiche « Connaître le cadre juridique de la formation professionnelle des agents territoriaux et ses incidences sur les agents des services de l’éducation » qui s’appuie sur les dispositions issues de la loi du 19 février 2007. Il s’agit d’une base de réflexion précieuse pour intégrer cette problématique dans les politiques éducatives.
L’analyse sociologique de ces 2 500 000 personnes en situation d’illettrisme conduit à revenir sur bon nombre d’idées reçues.
Ainsi plus de la moitié a plus de 45 ans, démontrant que ce phénomène ne se limite pas aux classes d’âge les plus jeunes, au contraire les difficultés augmentent avec l’âge. De plus, la lutte contre l’illettrisme touche de très près le monde du travail, et de l’entreprise puisque plus de la moitié exerce une activité professionnelle. Enfin, illettrisme et immigration ne sont pas forcément liés puisque 71 % de cette population parlaient uniquement le français à la maison à l’âge de 5 ans.
Quant à leur répartition sur le territoire national, la moitié des personnes en situation d’illettrisme vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées, ce qui signifie que la politique doit s’organiser sur tout le territoire. Enfin, 10 % vivent dans les zones urbaines sensibles (ZUS).