Laetitia Allut

Directrice des départements Emploi et Prévention au CIG de la Grande Couronne

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Laetitia Allut : J'exerce les fonctions de directrice de 2 départements au CIG de la Grande Couronne (320 agents servant un territoire de 1 100 collectivités) : le département Emploi et le département Prévention. Mon périmètre couvre environ 80 personnes. Diplômée d'un master 2 de Droit public de l'économie à Panthéon-Assas, j'ai commencé ma vie professionnelle à la direction juridique du ministère de la Défense.

J'ai rejoint ensuite le CIG sur un poste de conseiller en marchés publics d'assurance auprès des collectivités territoriales. De l'assurance de leurs bâtiments au risque absentéisme en passant, évidemment par la protection sociale complémentaire, je me suis sentie utile, à ma place. Grande étape ! Ensuite, j'ai découvert le management opérationnel : les premières désillusions, les premières joies également, la grande aventure du prochain au travail. C'est alors que j'ai gravé dans le marbre mon attachement à la fonction publique territoriale en devenant titulaire : un besoin de cohérence.

Puis l'étape du cadre intermédiaire, directrice de département ; fini l'opérationnel et la reconnaissance technique des équipes : réajustement. C'est à ce niveau hiérarchique que je découvre depuis plusieurs années des périmètres différents de l'activité.

L'Emploi d'abord avec les multiples accompagnements à la mobilité et l'intégration des data dans la GPEEC, puis, les fonctions ressources, du conseil en urbanisme, aux finances en passant par le RGPD. Enfin, depuis 4 ans maintenant, la Prévention avec la santé au travail notamment : des enjeux et des métiers passionnants à coordonner et animer.

J'ai en même temps réussi l'examen d'attaché principal. Je crois à la valeur de l'exemple : qui peut pousser ses collègues à prendre en main leur évolution de carrière sans le faire soi-même ?

En début de mandat, nous nous sommes rappelés, au CIG, notre raison d'être. Elle reprend toutes ces valeurs qui me sont chères et que je partage avec mes collègues. Je fais partie du Comité de Mission (mi interne, mi externe) qui suit et évalue le respect par le CIG des engagements qu'il a pris. C'est une démarche pleine de sens et qui nous met au défi de la cohérence et de l'ambition collective.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Laetitia Allut : Traduction, animation, cohésion.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Laetitia Allut : L'appropriation des intérêts et des enjeux de la structure et de l'environnement au sein duquel je travaille. L'écoute active, l'envie de comprendre le métier des managers opérationnels, de leurs équipes, leurs problématiques et leurs aspirations. Le courage pour arbitrer et la confiance.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Laetitia Allut : Une envie et une curiosité : que me réserve cette journée ? Il y a quasi chaque jour au moins une pépite humaine ou intellectuelle. Et j'apprends et j'admire. Une fois dans une intervention auprès d'étudiants, j'ai utilisé comme brise-glace les cartes des forces (émotions). J'ai choisi celle de l'amour. Étonnement dans la salle... pas très pro tout ça. Il fallait justifier le choix : j'ai réussi ma journée quand une personne est arrivée avec un poids technique, stratégique, sur un dossier, ou purement humain, et qu'elle est repartie avec une petite lumière ou une envie. J'ajouterai aujourd'hui que je suis fière d'appartenir à la FPT et impressionnée de son intelligence collective, de sa capacité d'innovation, de partage et d'investissement. Ça se mérite. En se levant tous les matins.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Laetitia Allut : Le projet qui m'a le plus marquée était la protection sociale complémentaire des agents territoriaux : quand les réflexions avançaient dans les années 2010 pour porter sur les fonts baptismaux le principe de la participation financière encadrée et légale des employeurs publics au contrat de prévoyance et de santé des agents. Non seulement le contexte des acteurs était passionnant à découvrir, le sujet assez technique et donc stimulant, l'impact national, mais aussi j'avais un sentiment de justice. C'était le premier pas vers la participation obligatoire des employeurs qui voit le jour aujourd'hui.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Laetitia Allut : Mon rêve c'est que mes enfants vivent des valeurs que je m'efforce de leur transmettre et de leur témoigner au quotidien. Leur devoir d'état : état de vie, état professionnel. Faire de son mieux pour apporter à la collectivité nationale son talent particulier, chacun à sa place. Le process est en cours.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Laetitia Allut : Les rencontres qui ont été les plus importantes dans ma carrière ont toutes en commun une grande intelligence, de belles qualités humaines, chacune dans leur rôle. Elles ont rêvé et parfois réalisé avec moi. Ce sont toutes des personnes qui m'ont fait faire un pas dans un sens ou dans l'autre : il y a eu de grands serviteurs de l'État ou des territoires, de grands professeurs, des collègues admirables. Si j'en cite une seule, parce que l'exercice demande de dépasser notre pudeur commune, ce serait celle qui a été ma DGA pendant 17 ans au CIG : Claude Soret-Virolle. Une aventure intellectuelle, humaine et professionnelle hors du commun. Et puisque j'en force une à cet exercice, j'y ajouterai une personne sans qui ce que je vis depuis des années au sein de la FPT ne serait pas possible : le DGS du CIG depuis « fort fort longtemps » : Jean-Laurent NGuyen Khac. Je pense que son attachement au service public, son côté visionnaire et sa capacité à le partager ont fait du CIG ce qu'il est : une formidable boîte à outil du service public local qui veut agir et innover pour une fonction publique vertueuse, pour toutes les collectivités et toutes les générations, par une mobilisation responsable de ses ressources.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Laetitia Allut : Parce qu'elle résume notre responsabilité à l'égard de ceux qui nous sont confiés : « Si tu t'arrêtes, ils reculent. Si tu doutes, ils désespèrent. Si tu critiques ils démolissent. Si tu marches devant, ils te dépasseront. Si tu donnes la main, ils donneront leur peau. »

Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?

Laetitia Allut : Je prends soin de moi en prenant le temps. Le temps de prendre un café en silence, le temps de quelques exercices de « dérouillage » du corps et de l'esprit, un podcast, une lecture qui m'inspire, prendre des nouvelles d'un proche.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Laetitia Allut : Je dois aux générations précédentes de femmes de s'être battues pour que leurs talents propres soient reconnus, toutes femmes, épouses et mères qu'elles pouvaient être. Je regrette que les mesures de quotas soient apparues nécessaires à un moment donné pour les postes à responsabilité. Le chemin n'est pas fini et j'ai le devoir de ne rien m'interdire parce que je suis femme, épouse et mère. Je dois faire de mon mieux.

Le Covid et le télétravail : la distance imposée ou choisie pour notre bien et celui de l'autre. Paradoxe alors que le service public local est le premier de cordée du lien social et que mon rôle de manager de managers, c'est aussi du lien social. Et je pense que le lien social est un déterminant de santé, à l'heure où la mauvaise santé mentale occupe une place de choix dans les préoccupations nationales.

Propos recueillis par Hugues Perinel

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