Partie 9 - En complément
Chapitre 9 - Accueillir l'enfant migrant

9.9/5 - Bébé-mère en migration

Les bébés nés en France de mère migrante sont, dit-on, des bébés « vulnérables ». Les travaux du psychiatre américain Elwin James Anthony, puis, en 1989, ceux de Marie Rose Moro et de Tobie Nathan en ethnopsychiatrie, tentent de le démontrer. Cette fragilité naîtrait des difficultés que rencontrent les mères lors de la migration, ce qui serait d'autant plus visible au moment des acquisitions décisives de l'enfant, moment où mère et enfant désirent s'adapter l'un à l'autre comme lors des grandes évolutions comme la propreté, le langage, la séparation à la crèche, l'entrée à l'école maternelle ou l'apprentissage de la lecture. C'est le temps où l'enfant met en jeu l'aspect éducatif et culturel de ses savoir-faire, savoir-dire, savoir-gérer. C'est aussi le moment où s'affrontent les codes et les manières des deux cultures, celle du pays d'accueil et celle du pays d'origine.

9.9/5.1 - L'histoire type des mères migrantes et de leurs enfants

I - Dialogue avec les mères

Espoirs et déceptions

Il m'est souvent arrivé, lors de discussions dans des groupes de parole que j'ai appelés « la papothèque », de parler avec des femmes migrantes de leur grossesse, de l'éducation, de leurs rapports familiaux. Quelle que soit leur origine, j'ai souvent entendu le même discours.

Le mari vient d'abord ici, cherche logement et travail puis fait venir femme(s) et enfant(s). C'est ce que les assistantes sociales appellent « le regroupement familial ». Sur le bateau ou dans l'avion, elles ont des images plein la tête. Elles s'imaginent qu'elles seront accueillies chaleureusement, dans des appartements décents, avec une communauté autour. L'eldorado, en un mot...

En vérité, quelle déception les attend ! Les voilà atterries dans un pays où le soleil a disparu, où les maisons sont grises, où le froid vous transperce et où le bidonville entouré de boue vous attend. Au bout de quelques années, après avoir longtemps quémandé auprès des services de la mairie, elles obtiennent un petit logement en haut d'une tour, dans une cité HLM de banlieue. L'immeuble est plein de graffitis, l'ascenseur est souvent en panne alors qu'elles sont aux huitième ou dixième étage, quand elles ne restent pas des heures enfermées entre deux étages, ou isolées et seules dans leur petit appartement.

Heureusement, il y a les voisines, qui parlent parfois la même langue et qui se réunissent autour du thé à la menthe. Encore faut-il ne pas être trop déprimée pour être admise dans leur petit cercle. De temps en temps, on échange un couscous ou des petits gâteaux au miel faits à la maison. On parle alors avec nostalgie du pays perdu, des...

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