La ségrégation culturelle liée au diplôme se renforce sur le territoire

Publié le 11 janvier 2013 à 0h00 - par

La concentration dans certains quartiers des peu diplômés s’est accrue quasiment partout entre 1999 et 2008. Seules des politiques de très long terme pourraient inverser la tendance.

La ségrégation culturelle du territoire, fondée sur le diplôme, s’est accentuée entre 1999 et 2008, particulièrement dans les communes où la part des diplômés était la plus élevée et dans les quartiers défavorisés. C’est ce que révèle le cabinet *Compas, dans une étude menée sur la France entière. Par exemple, dans certaines villes, comme Montrouge et Issy-les-Moulineaux en banlieue parisienne (Hauts-de-Seine), le nombre de diplômés a augmenté respectivement de 15 et 14 %, et représente la moitié de la population – soit le double de la moyenne nationale.

À l’inverse, Oyonnax (Ain), La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ou Grigny (Essonne), où peu d’habitants sont diplômés, leur nombre a quasiment stagné pendant cette période. Les quartiers où la part de diplômés s’est le plus accrue sont Paris et sa banlieue ouest. Mais la concentration dans certains quartiers des personnes peu diplômées s’est accrue quasiment partout.
 

Le prix des loyers accroît la concentration des diplômés

Compas explique la concentration des diplômés et des non-diplômés par l’évolution des prix des loyers, qui repousse souvent hors des centres-villes les personnes les moins aisées qui n’ont pas de titre scolaire. Quant aux diplômés, les plus jeunes notamment, qui n’ont pas les moyens de se loger dans les quartiers les plus aisés, ils s’installent dans certains anciens quartiers de centre-ville, moins chers. « Cette concentration reflète aussi l’importance des stratégies éducatives de ces catégories diplômées, qui correspondent à la volonté d’éviter à leurs enfants la fréquentation de jeunes des catégories populaires et favoriser ainsi leur réussite scolaire », précisent les auteurs de l’étude.

Parallèlement, les quartiers les moins favorisés, (souvent ceux de la politique de la ville), se vident d’une partie des catégories moyennes qui préfèrent vivre dans les zones périurbaines. La concentration choisie des diplômés entre eux, finit par s’opposer à une concentration subie des plus défavorisés, le plus souvent dans des logements sociaux.

Inverser la tendance reposerait sur des politiques à très long terme : implanter des logements sociaux là où ils font défaut plutôt que dans les villes et les quartiers qui en sont pourvus, améliorer l’habitat en dehors des territoires dits « prioritaires », renforcer les réseaux de transport, implanter des commerces ou des sites culturels hors des centres-villes favorisés, redécouper la carte scolaire…

Marie Gasnier

* Compas a mesuré, dans toutes les communes et tous les quartiers, l’évolution de la part de la population selon le niveau de diplôme entre 1999 et 2008. Les personnes ayant au minimum bac + 2 ont été considérés comme « hauts niveaux » de formation, et celles qui n’avaient pas le brevet d’études professionnelles comme « bas niveaux ».


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