Partie 9 - En complément
Chapitre 9 - Accueillir l'enfant migrant

9.9/1 - Difficultés institutionnelles : quelques points généraux sur les immigrations

9.9/1.1 - Éducation, identité et ethnopsychiatrie

Le surgissement de l'ethnopsychiatrie

L'ethnopsychiatrie enseigne que l'enfant migrant est pris dans son environnement familial et sa culture. Elle marque la fin d'une époque où l'on instruisait un enfant, quel qu'il soit, en dehors de la famille et où on le laissait dans la société d'accueil se débrouiller, avec (ou sans) diplôme en poche.

Depuis une dizaine d'années, on constate un rapprochement des familles et des professionnels, et des consultations d'ethnopsychiatrie s'ouvrent un peu partout, à la crèche, à l'école, à l'hôpital ou dans les centres médico-psychologiques.

Le rapport de la société d'accueil aux migrants

Nos pratiques de professionnels de l'enfance – directrices de crèche, éducatrices de jeunes enfants –, d'enseignants et de psychologues ont été amenées à évoluer. Aujourd'hui, le tiers de la population française a une ascendance étrangère à la première, la deuxième ou la troisième génération. La question de l'intégration, si souvent évoquée, cache régulièrement l'incapacité de notre société à proposer des réponses concrètes à celles du dialogue social avec ces populations, de l'écoute de leurs problématiques et de leur assimilation. Les immigrés et leurs enfants ont en commun d'être souvent entre deux cultures, la culture d'origine et la culture d'accueil. Ces identités multiples cherchent à trouver une place dans la société française. Or nous avons du mal à nous décentrer, à penser à l'autre dans sa différence, à imaginer « celui que je ne suis pas », chacun étant confronté à sa propre limite d'être.

Cependant, il faut reconnaître l'apport des différentes immigrations comme constitutif de notre histoire contemporaine. Que serait la France sans Marie Curie, Henri Troyat, Pablo Picasso ou Georges Charpak ?

Actuellement, il est question de contrôler les flux migratoires, avec une politique de plus en plus restrictive, et de favoriser l'intégration, dans le respect des lois de la République. Mais peut-on s'intégrer facilement quand on est migrant, que l'on a tout perdu et que l'on appartient à un groupe ethnique et à une religion différents ? Est-ce ce qu'ont fait les migrants arrivés par vagues jusqu'à présent ?

Prendre en compte les spécificités du statut de migrant

Par ailleurs, qu'en est-il de la santé psychique du migrant et de ses enfants ? Soigne-t-on de la même façon ici et là-bas ? Les difficultés linguistiques, le niveau social bas, le statut vis-à-vis de la citoyenneté, l'absence d'entraide, l'isolement sont-ils connus de la même façon par la population française ?...

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