Partie 9 - En complément
Chapitre 9 - Accueillir l'enfant migrant

9.9/6 - L'importance de la culture en clinique transculturelle

La diversité est une notion acceptée en France, elle est même considérée par une certaine frange de la population comme une richesse. Toutefois, il est encore difficile d'accepter les différences dans les institutions, tellement les préceptes républicains d'égalité sont prégnants. Le problème posé par les enfants migrants est au cœur de la réflexion du psychologue de l'éducation car nous sommes journellement confrontés à des enfants hors des normes de la situation institutionnelle, marqués par des histoires étranges et que l'on nous demande de soigner.

9.9/6.1 - Paradoxe de l'identité française

L'égalité, fondement de la République

La France est le pays des droits de l'homme et du citoyen depuis la déclaration de 1789, qui affirme l'égalité absolue et universelle des hommes. Cela aboutit à la notion d'un Homme universel, avec un grand H, qui n'accepterait aucune exception, ni pour la race, ni pour le sexe, ni pour les régions géographiques, ni pour les religions. Cette belle unité est profonde et belle. Elle avait pour but de faire barrage au racisme, à l'antisémitisme, au sexisme, à l'esclavagisme, dans un souci de justice et d'équilibre. Pourtant, cette affirmation sans nuance n'a pas évité l'affaire Dreyfus, l'esclavage, Vichy ou les guerres coloniales.

La France s'est créé une unité universaliste, mais cela est contradictoire car cette unité ne tient pas compte des pratiques différentielles si nécessaires à un État qui se veut non totalitaire. On ne peut concevoir des sujets identiques, qui n'auraient pas un « moi » individuel, un inconscient particulier, une culture qui les a moulés. Nous avons tous besoin de savoir qui sont nos parents, d'où ils viennent, quelle religion les conduit. Si nous avons une identité collective française, nous avons aussi une identité individuelle très personnelle.

Un rapport ambigu au catholicisme

L'universalisme français s'est historiquement forgé contre les religions, en séparant l'Église et l'État. Pourtant, la France est un pays profondément catholique, depuis Clovis, qui sauva sa tête en s'alliant au christianisme par sa conversion. Si, au siècle des Lumières, on s'appuyait essentiellement sur la raison pour gouverner, la sphère privée appartenait au religieux : on était bon chrétien, on continuait à construire des églises et des cathédrales. Si au dehors on fabriquait des lois et des règlements, à l'intérieur du foyer on faisait ses prières et ses dévotions, on baptisait les enfants et on se mariait à l'église. L'athéisme lui-même de certains sujets prenait une forme religieuse, à l'école ou à l'armée (penser aux guerres entre l'école privée et l'école publique).

Un bilan...

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