Partie 6 - Évaluation interne et externe

6/1 - Enjeux des évaluations

I - Appropriation et progression de l’évaluation dans l’action sociale

Contexte de l’évaluation dans le secteur social et médico-social

Les premières démarches d’évaluation remontent à environ trente ans, dans les années 1980. Elles avaient surtout comme objectif d’analyser des politiques publiques d’action sociale comme le développement social des quartiers, ou des dispositifs de lutte contre l’exclusion au niveau national comme au niveau local. Les départements entreprenaient aussi d’engager des évaluations sur leurs principaux dispositifs d’intervention : RMI, enfance, personnes âgées, etc. Mais les évaluations restaient encore peu systématiques dans le secteur social et beaucoup se limitaient à du contrôle a posteriori sans réel impact sur le fonctionnement du dispositif ou de l’institution. Depuis dix ans environ, on assiste désormais à une accélération des démarches d’évaluation : des référentiels permettent de se référer à des normes de qualité à atteindre ou des questionnaires d’autoévaluation se répandent et se multiplient. La crise de l’État providence, la montée en puissance du secteur privé dans le champ du social et du médico-social imposent à tous les acteurs une redistribution des cartes. Celle-ci passe par une évaluation seule capable de répondre aux exigences de maîtrise budgétaire et de justification de la légitimité des dépenses, tout en assurant des réponses de qualité aux besoins sociaux des personnes. Dans le secteur gérontologique en particulier, la concurrence est si forte, que les gestionnaires et les directions se voient obligés de maximiser leurs efforts pour contenir leur budget et rivaliser entre établissements afin de conquérir de nouveaux résidents ou les conserver. Cette marchandisation de l’action sociale risque de se traduire par une baisse de la qualité relationnelle avec les usagers au sein des établissements, l’enjeu étant avant tout la survie économique de la structure, de l’association gestionnaire voire du groupe (dans le cas des grands groupes d’établissements pour personnes âgées dont les taux de croissance dépassent largement les 15 % par an pour certains). Mais comme nous le précisions déjà dans l’ouvrage Démarche qualité et évaluation en établissement (Éd. Weka) cette pénétration de l’évaluation dans le secteur social et médico-social se fait avec beaucoup d’appréhension de la part des professionnels du travail social (assistants sociaux, éducateurs, etc.) et encore plus fortement pour ceux qui ne sont pas dans des fonctions d’encadrement ou de direction. Cette appropriation se fait avec prudence, avec une attention particulière aux risques...

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