Partie 1 - Les enjeux d’une politique publique en matière familiale et de protection de l’enfance
Chapitre 1 - Les fondements de la politique de protection de l’enfance
1.1/3 - L'état de l'enfance en danger en France
Les contours, comme le contenu de la notion de danger, ont évolué au cours du temps. Ce terme recouvre aujourd'hui des réalités multiples, allant d'un risque de danger à des maltraitances graves et avérées. Dans ce cadre conceptuel, les manquements à la prise en charge affective de l'enfant, quel que soit son milieu parental, familial ou institutionnel, sont clairement identifiés comme un mauvais traitement grave et durable (X. Dupont, Constitution et genèse d'une politique publique. La protection de l'enfance maltraitée en France (1979-1989), Les cahiers du Cepes, Institut d'études politiques de Grenoble, 1989).
Parmi les éléments de danger, la question des abus sexuels a fait l'objet d'une prise de conscience collective relativement tardive. Dans les années 1980, les dénonciations d'associations féministes comme celles des premières associations militantes autour de la cause des enfants maltraités conduisent le ministère des Affaires sociales à différentes initiatives par voie de circulaires. La violence à enfants se produit aussi dans les institutions ou dans le recours aux institutions (cf. S. Tomkiewicz et P. Viviet, Qui aime mal châtie bien). Conscients de cela, les pouvoirs publics ont déclenché (circulaire Aubry) une vigilance administrative renforcée. Les maltraitances psychologiques ont été théorisées plus tard, le terme étant apparu en France dans les années 1990.
La préoccupation de l'opinion publique et d'un certain nombre de chercheurs et d'institutions sur les relations entre les enfants et la télévision prend une importance croissante en France, au point qu'est évoqué désormais un nouveau champ de la protection de l'enfance : la protection socioculturelle. Certains vont jusqu'à la qualifier de « lutte contre la maltraitance audiovisuelle ». La constatation du rôle majeur des médias dans la socialisation des plus jeunes, inquiète notamment avec le recours aux moyens numériques de la part d'individus voulant abuser d'enfants influençables.
La surreprésentation de la pauvreté dans les statistiques sur la maltraitance peut s'expliquer par le fait que les situations de pauvreté, associées souvent au chômage et à la monoparentalité, sont des cas fréquents d'intervention des travailleurs sociaux, sous forme d'enquête ou d'aide sociale. La sous-représentation des familles aisées tiendrait d'une part au fait qu'elles ont moins besoin d'aide sociale et financière et, d'autre part, qu'elles sont mieux dotées en capitaux sociaux et culturels. Ces derniers peuvent être mobilisés afin de masquer d'éventuels mauvais traitements par des stratégies de présentation efficaces.
Un certain nombre de psychologues mobilise cet argument en...
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