Lorsque l’ACM définit ses objectifs éducatifs, il est au préalable indispensable de prendre le temps de faire le point sur les valeurs qui fédèrent tous ceux qui sont impliqués dans la définition de ces objectifs.
À défaut, l’objectif éducatif pourrait rester lettre morte, par manque de prospective et de stratégie. Cette réflexion préalable est d’autant plus nécessaire que l’accueil collectif est une entité qui réunit de nombreux acteurs, dans des formes juridiques ou des cadres d’actions différents : un ACM peut être porté par une association ou une collectivité locale, rattaché stratégiquement à un projet éducatif territorial (PEDT) ou à un contrat local de sécurité… En conséquence, les acteurs impliqués dans la concrétisation de l’ACM peuvent ou non avoir une histoire collective préalable commune, venir des mêmes horizons.
À acteurs différents, valeurs différentes
Ceux qui créent une association ont initialement défini un projet associatif qui les réunit et qu’ils ont formalisé dans un « contrat » associatif concrétisé par des statuts. Ceux-ci définissent un objet associatif et décrivent un fonctionnement pour mener à bien ce projet, qui fait l’objet de processus concrétisant cette contractualisation : écriture de statuts, désignation de responsables, dépôts de statuts, vote de résolutions. Les fondateurs de l’association ont donc mené un travail préalable et continu pour définir ce qui les réunit.
Une collectivité locale voit, quant à elle, ses responsables élus sur un projet ou une profession de foi. Là encore, ceux qui se réunissent sur une liste et qui constitueront la future équipe dirigeante ont mené ce travail préalable de définition de ce qui les réunit.
Cette connaissance préalable – ce lien fondateur – peut très bien s’amenuiser dès lors que l’entité grandit, se professionnalise ou rassemble des personnes non du fait de leur propre initiative mais en raison de leur statut professionnel ou de leur expertise. Par exemple, le PEDT s’appuie sur un groupe de pilotage départemental dont les membres sont désignés par une circulaire. Il en est de même pour un contrat local de sécurité.
Le danger est alors que ceux qui ont pour mission de créer un ACM ou de l’ancrer dans une réalité éducative territoriale n’aient pas construit au préalable de liens suffisamment forts pour garantir que tous les acteurs concernés partagent des valeurs similaires sur lesquelles se retrouver pour définir des objectifs éducatifs. C’est pourquoi ceux qui portent la gouvernance de l’accueil (les équipes pédagogiques) et ceux qui pensent ou initient de façon plus globale des politiques éducatives ont tout intérêt à partager leurs points de vue pour définir les valeurs qui fédéreront leurs décisions et leurs actions – et ce avant même de déterminer les objectifs éducatifs qui en découleront en cohérence.
Construire des valeurs communes
Ces valeurs se définissent à partir de choix concrets à réaliser à l’occasion d’un dialogue constant portant sur :
- l’identité de l’ACM : quelle taille donner à l’accueil (nombre d’employés, budget, nombre d’enfants…) ? Quelles limites structurelles imposer pour préserver l’épanouissement de l’enfant ? Quelle image donner à l’accueil (en termes de valeurs culturelles et sociales) ?
- les capacités de l’accueil : quelles sont les capacités d’ouverture de l’accueil vers des publics en difficulté ou atteints de troubles du comportement ? Quelles sont ses capacités à innover, à s’ouvrir à de nouveaux dispositifs ? Quelle est sa souplesse à porter des opinions différentes, à s’ouvrir à des débats de société, à faire progresser des idées et des concepts ? Quelle est sa capacité à accepter la diversité ?
- le relationnel de l’accueil : quelle est la volonté de l’accueil à créer des liens avec d’autres ACM, avec d’autres structures présentes dans son environnement pouvant concerner d’autres publics, comme une maison de retraite ? L’ACM peut-il tenir compte des besoins exprimés par d’autres acteurs ? Peut-il donner la parole aux usagers de ses services ?
- l’éthique de l’accueil : quelles procédures seront mises en œuvre pour garantir la compréhension d’une situation ou des prises de décision susceptibles de faire agir l’ACM sans que des sentiments d’injustice ou d’exclusion puissent émerger ?
- l’engagement de l’accueil : de quelle mobilisation l’accueil sera-t-il capable pour défendre une idée, un concept, du sens ? De quel projet de vie sera-t-il capable ? Quel militantisme éducatif pourra-t-il porter ?