À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, en novembre 2023, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a invité tous les élèves du CE2 à la classe de Terminale à remplir un questionnaire d’auto-évaluation mis à disposition de l’ensemble des écoles, collèges et lycées. Un questionnaire à renseigner anonymement par les élèves, sous l’autorité d’un(e) enseignant(e). Les élèves n’avaient pas obligation d’y répondre.
Sur la base de ce questionnaire, le ministère a réalisé une enquête statistique sur un échantillon de 21 700 élèves du CE2 à la Terminale, afin de produire des indicateurs nationaux sur le harcèlement scolaire dans les écoles et établissements publics. 17 400 questionnaires ont pu être exploités : 37 % d’écoliers du CE2 au CM2, 23 % de collégiens, 40 % de lycéens. Ces élèves sont scolarisés dans près de 600 écoles ou établissements scolaires publics de France.
Rendus publics mi-février par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, les résultats de l’enquête sont plutôt inquiétants. Ainsi, 5 % des écoliers du CE2 au CM2 disent avoir peur d’aller à l’école (« souvent » ou « très souvent ») à cause d’un ou plusieurs élèves. C’est également le cas de 2 % des collégiens et lycéens. Par ailleurs, à tous les niveaux près de 5 % des élèves déclarent ne pas avoir d’ami dans leur école ou établissement.
Les atteintes subies dans le cadre scolaire
À l’école, les atteintes subies de manière répétée les plus fréquemment déclarées sont :
- Un ou plusieurs élèves racontent des choses fausses ou méchantes sur toi : 17 % ;
- Un ou plusieurs élèves t’ont fait du mal exprès (par exemple, en te bousculant ou en te lançant un objet) : 12 % ;
- Tu t’es bagarré(e) avec un ou plusieurs élèves : 12 %.
Au collège et au lycée, les atteintes subies de manière répétée les plus fréquemment déclarées sont :
- Un ou plusieurs élèves se moquent de toi ou t’insultent (par exemple, à propos de ton physique, de tes origines, de tes croyances ou de ton orientation sexuelle) : 11 % des collégiens, 7 % des lycéens ;
- Un ou plusieurs élèves font courir des rumeurs sur toi : 7 % des collégiens, 5 % des lycéens ;
- Un ou plusieurs élèves t’ont bousculé(e) volontairement : 7 % des collégiens, 3 % des lycéens.
À noter : à tous les niveaux, les garçons déclarent plus souvent que les filles s’être bagarrés ; les filles plus souvent que les garçons être victimes d’atteintes d’ordre psychologique. Certains élèves déclarent même être victimes de manière répétée d’un nombre important d’atteintes. Aussi, l’enquête définit un indice de victimation en recensant le nombre d’atteintes déclarées subies de manière répétée. Résultats :
- 3 % des écoliers victimes de 8 atteintes ou plus ;
- 5 % des collégiens victimes de 5 atteintes ou plus ;
- 3 % des lycéens victimes de 5 atteintes ou plus.
L’indice de qualité de vie scolaire
L’indice de qualité de vie scolaire consiste à dénombrer les réponses négatives sur les dimensions liées à la qualité de vie à l’école, au travail scolaire et à l’assiduité. Cet indice se dégrade avec l’augmentation du nombre d’atteintes subies de manière répétées. Le croisement des indices de victimation et de qualité de vie scolaire permet d’approcher l’impact des atteintes subies sur la qualité de vie à l’école des élèves et de mesurer l’ampleur du harcèlement subi par l’élève.
Au final, selon cette approche, le harcèlement touche :
- 5 % des écoliers du CE2 au CM2 ;
- 6 % des collégiens ;
- 4 % des lycéens.
Le croisement des indices permet également d’identifier des situations dites « à surveiller ». Cela concerne :
- 19 % des écoliers du CE2 au CM2 ;
- 6 % des collégiens ;
- 4 % des lycéens.
Enfin, l’enquête a étudié la part d’élèves ayant demandé de l’aide auprès d’un élève, d’un parent ou d’un adulte de l’équipe éducative, parmi ceux ayant l’impression d’être embêtés souvent. Cette part augmente avec le nombre d’atteintes subies de manière répétée :
- 63 % des écoliers du CE2 au CM2 (89 % parmi ceux victimes de 8 atteintes ou plus) ;
- 32 % des collégiens (69 % parmi ceux victimes de 5 atteintes ou plus) ;
- 22 % des lycéens (62 % parmi ceux victimes de 5 atteintes ou plus).
Parallèlement, l’enquête révèle que trois écoliers sur dix et la moitié des collégiens et lycéens connaissent le numéro de téléphone contre le harcèlement scolaire 3018.
