Que les fonctionnaires soient rassurés, David Amiel, leur ministre, n’entend pas « détruire les services publics » mais veut tout faire pour les « améliorer ». Reste à savoir comment à l’heure où les nouvelles ne sont pas bonnes du côté des salaires : à l’instar de ces prédécesseurs, David Amiel a confirmé il y a une semaine sur France Info qu’il n’y aura pas de revalorisation salariale globale pour la fonction publique en 2026. L’explication coule de source : « Tout le monde connaît la contrainte budgétaire dans laquelle on est », assure-t-il. Les syndicats, qui avaient manifesté en mai dernier sur le sujet, étaient sans illusion. Les années 2022 et 2023, où le point d’indice avait été augmenté respectivement de 3,5 % et de 1,5 %, paraissent lointaines. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires ne cesse donc de se rétrécir, et ce d’autant plus que la GIPA (Garantie individuelle de pouvoir d’achat), qui permettait d’amoindrir les effets du gel du point d’indice, n’a pas, elle aussi, été versée en 2024 et 2025. Le Père Noël ne passera pas non plus en 2026.
La promesse vague d’une proposition de loi sur le logement
Le ministre délégué s’emploie néanmoins à trouver quelques idées pour faire passer la pilule. Ainsi souhaite-t-il améliorer les conditions de vie des fonctionnaires, « en rapprochant leur domicile de leur lieu de travail ». « Il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer la vie quotidienne des agents publics, y compris sur des choses qui pèsent sur leur pouvoir d’achat, notamment la question du logement », affirme-t-il. Une proposition de loi serait en cours de rédaction avec le ministre du Logement, Vincent Jeanbrun, pour permettre notamment aux fonctionnaires dits de première ligne, à savoir les infirmières, les aides-soignantes, les infirmières ou encore les enseignants, de se rapprocher de leur lieu de travail pour éviter de perdre beaucoup de temps dans les embouteillages ou les transports en commun. Aucune date précise n’a été donnée sur la PPL en question dont il est difficile de percevoir les contours.
3 000 emplois publics en moins
Dans la foulée de cette annonce, le ministre a reçu la Coordination des employeurs territoriaux (CET) et les associations d’élus locaux. À lire la réaction du porte-parole, Philippe Laurent, ce premier contact a été constructif : « Malgré les incertitudes, il y a une volonté partagée d’avancer dans l’intérêt des agents », a-t-il affirmé sur son compte X, insistant sur le fait que les enjeux d’attractivité et de dialogue social avaient été fléchés comme étant prioritaires. Dans le souci de rationalisation des dépenses publiques (maintien du déficit public à 4,7 % en 2026), David Amiel a confirmé la réduction importante du nombre de fonctionnaires. Plus de 3 000 emplois publics nets sont concernés, les ministères de l’Intérieur, des Armées et de la Justice échappant à la purge. Il assure par ailleurs que les ministères sont à la diète, « on fait des économies considérables », ce qui diminue de fait le nombre d’agents. Côté collectivités territoriales, libre à ces dernières de faire le choix entre les embauches ou les investissements, assure le ministre, Philippe Laurent lui répondant en écho que les maires n’avaient guère le choix, notamment en matière de recrutement de policiers municipaux, dont les effectifs ont très nettement bondi ces dernières années.
Sur la longue durée, l’emploi public diminue…
Du côté de l’Insee, la hausse du nombre d’emplois dans la fonction publique est confirmée au 3e trimestre de cette année : + 16 000 emplois, soit + 0,3 % par rapport à l’année précédente. L’enseignement (+ 9 500), l’administration publique (+ 4 400) et la santé publique (+ 3 600) forment le gros bataillon des embauches. Mais David Amiel est loin de vouloir suggérer que tous les malheurs du pays reposent sur les épaules des fonctionnaires. « Quand on regarde sur une longue période, l’emploi public en France a plutôt tendance à diminuer », estime-t-il. Une intuition étayée par les chiffres du site spécialisé Fipeco, qui confirme cette tendance baissière : « La part de la fonction publique dans l’emploi total est passée de 19,7 % en 1997 à 19,8 % en 2020 puis 19,1 % en 2022 et 2023 ». « Les échanges avec le ministre ont été constructifs », assure Philippe Laurent, David Amiel ayant évité d’agiter le chiffon rouge des jours de carence, par exemple, comme ces prédécesseurs. Dans cette relation fortement conditionnée par le contexte budgétaire, il faudra s’en contenter, laisse entendre le maire de Sceaux.
Stéphane Menu
